Savoir et comprendre

Résultats de la surveillance renforcée du milieu terrestre

14/01/2013

La surveillance renforcée du milieu terrestre a principalement porté sur l’analyse de prélèvements de végétaux (herbes, mélange mousses/lichens et légumes à feuilles) et de lait. Dans la restitution qui suit, lorsque les mesures ont été réalisées plus de 15 jours après le prélèvement, les résultats non significatifs (inférieurs aux seuils de décision) obtenus sur les échantillons (herbes, mélange mousses/lichens, légumes à feuilles et laits) ont été écartés et ne sont pas représentés sur les graphiques, en raison de la courte période radioactive de l’iode 131 (8 jours).

 

Résultats de mesure de l’iode 131 dans l’herbe, les mousses et lichens

 

226 échantillons de végétaux (herbes, mélange mousse/lichens) ont été analysés spécifiquement par l’IRSN, auxquels s’ajoutent 33 autres échantillons analysés par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) et le Laboratoire départemental d’analyses de la Manche (LDA50). Les exploitants ont également contribué à cette surveillance au travers de leur suivi réglementaire de l’environnement et en effectuant parfois des prélèvements additionnels (figure III.9).

 

Activités en iode 131 mesurées dans l’herbe en métropole par l’IRSN, les exploitants et les associations

Figure III.9 - Activités en iode 131 mesurées dans l’herbe en métropole par l’IRSN, les exploitants et les associations entre début mars et début mai 2011 (Bq/kg frais).

 

En métropole, les premières traces d’iode 131 ont été mesurées dans un prélèvement d’herbe effectué à Pélussin (42) le 26 mars (0,09 Bq/kg frais). La détection s’est généralisée les jours suivants, à des activités comprises entre 0,29 et 15 Bq/kg frais, avec des niveaux moyens d’activités de l’ordre de 2,08 Bq/kg frais sur la période allant du 26 mars au 15 avril. L’activité maximale a été observée sur un prélèvement d’herbe du 28 mars réalisé à Gradignan (33).

 

Après le 15 avril, les activités en iode 131 dans l’herbe montrent une tendance à la baisse. Les valeurs mesurées à partir de début mai ne dépassent pas 0,12 Bq/kg frais et sont très souvent inférieures aux seuils de décision des appareils de mesure.

 

L’analyse des données acquises en fonction d’un découpage géographique de la France (nord/sud et est/ouest) indique que des activités de même ordre de grandeur ont été observées sur l’ensemble du territoire, avec des fluctuations spatiales et temporelles dues au déplacement des masses d’air. La variation des activités observées peut également être mise en relation avec celle des précipitations à l’origine des dépôts au sol et avec la variabilité des prélèvements. Ces constats ne permettent pas de conclure que certaines régions françaises ont été plus touchées que d’autres, conformément à ce qui était attendu, compte tenu du caractère global de la dispersion des radionucléides rejetés par l’accident de Fukushima.

 

Dans les Drom-Com, l’analyse d’un prélèvement d’herbe réalisé le 28 mars en Martinique a révélé pour la première fois la présence d’iode 131, à une activité massique de 0,80 Bq/kg frais. Des traces d’iode 131 ont également été détectées les jours suivants en Guadeloupe sur deux échantillons d’herbe, et sur cinq échantillons de mélanges de mousses et de lichens prélevés à Saint-Pierre-et-Miquelon. L’iode 131 n’a pas été détecté dans les autres Drom-Com, à savoir la Guyane, La Réunion, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie.

 

Résultats de mesure des césiums

 

43 prélèvements d’herbe réalisés en métropole ont présenté des activités significatives en césium 134 attribuables aux rejets de la centrale accidentée de Fukushima Dai-ichi. Les valeurs fluctuent entre 0,07 et 2,79 Bq/kg frais. Du césium 137, associé ou non au césium 134, a également été mesuré sur plusieurs stations de métropole, à des niveaux d’activités compris entre 0,04 et 4,7 Bq/kg frais, c’est-à-dire à des valeurs souvent observées avant Fukushima, en raison de la persistance de ce radionucléide déposé à la suite des essais nucléaires en atmosphère et de l’accident de Tchernobyl.  

 

Globalement, les activités mesurées sont proches d’un lieu à l’autre et, en un même point, l’activité en césium 134 ou en césium 137 est généralement dix fois plus faible que celle en iode 131.

 

L’évolution de l’activité massique de ces radionucléides dans le temps observée au niveau d’une même station du sud-ouest de la France (47) montre un maximum d’activité dans l’herbe vers le 6 avril (figure III.10).

 

Corrélation des activités en césiums 134 et 137 mesurées dans les prélèvements d’herbe effectués

Figure III.10 - Évolution des activités en césiums 134 et 137 mesurées dans l’herbe de Sainte-Colombe-en-Bruilhois (47) en mars et avril 2011 (Bq/kg frais). Le rapport d’activités en césiums 134 et 137 mesurés dans les herbes est proche de 1 (figure III.11).

 

Corrélation des activités en césiums 134 et 137 mesurées.

Figure III.11 - Corrélation des activités en césiums 134 et 137 mesurées dans les prélèvements d’herbe effectués entre le 18 mars et le 6 mai 2011.

 

Dans les Drom-Com, seuls deux prélèvements de végétaux (mélanges de mousses et de lichens) réalisés à Saint- Pierre-et-Miquelon ont présenté conjointement des activités en césiums 134 et 137 significatives, attribuables aux rejets consécutifs à l’accident de Fukushima.

 

Certains prélèvements de végétaux présentaient des activités significatives uniquement en césium 137, pouvant atteindre une dizaine de Bq/ kg frais (13,8 Bq/kg frais sur une mousse terrestre prélevée à Saint-Pierre-et-Miquelon le 29 mars). En l’absence de détection de césium 134, ces activités ne sont pas imputables à l’accident survenu à la centrale de Fukushima. Elles s’expliquent par la persistance dans les sols (ainsi que dans les végétaux poussant sur ces sols) de césium 137 déposé à la suite des essais nucléaires en atmosphère.

 

Analyses effectuées sur des légumes et aromates

 

Plus d’une centaine de légumes ont fait l’objet d’un contrôle radiologique en métropole et dans les Drom-Com (légumes à feuilles tels que salades et épinards) et, dans une moindre mesure, d’autres types de légumes et aromates (choux pommés, céleris-raves, carottes et thym).

 

Les premières traces d’iode 131 (0,14 Bq/kg frais) ont été détectées le 28 mars sur des feuilles d’épinards prélevées dans la commune de Narbonne (11). D’autres valeurs significatives ont été mesurées en métropole par la suite, principalement sur des salades et des épinards prélevés dans le grand quart sud-est de la France. Jusqu’au 19 avril, les activités mesurées ont varié entre 0,05 et 2,10 Bq/kg frais (figure III.12). Les analyses réalisées après cette date n’indiquent plus d’activité significative en France métropolitaine. À titre de comparaison, après l’accident de Tchernobyl, la gamme d’activités maximales en iode 131 observées en France dans les salades allait de 300 à 3 000 Bq/kg frais en mai 1986.

 

Activités en iode 131 mesurées dans les légumes et les aromates cultivés en métropole.

Figure III.12 - Activités en iode 131 mesurées dans les légumes et les aromates cultivés en métropole entre début mars et début mai 2011 (Bq/kg frais).

 

Le césium 134 n’a été détecté qu’à quatre reprises, dans des épinards prélevés le 4 avril à Tourdan (38) et à Bollène (84), et dans du thym prélevé à Ginasservis (83) et Herqueville (50). Les niveaux d’activités relevés sont faibles et sont compris entre 0,05 et 0,34 Bq/kg frais.

 

Aucune activité significative en iode 131 ou en césium n’a été mesurée dans les 11 échantillons de salades prélevés en Guadeloupe. Dans les autres Drom-Com, la surveillance radiologique du territoire n’a porté que sur des prélèvements de lait et d’herbe, et sur des échantillons de mousses et lichens pour Saint-Pierre-et-Miquelon.

 

Analyses de lait

 

Plus de 200 échantillons de lait (chèvre, brebis, vache) ont été analysés entre le 18 mars et le 5 mai 2011 par l’IRSN, le Laboratoire départemental d’analyses de la Manche (LDA50) et les exploitants.

 

L’iode 131 a été décelé à partir du 28 mars dans le nord-ouest de la France (0,43 Bq/L dans le lait de chèvre à Sepmes (37) et 0,15 Bq/L dans le lait de vache à Brouzils (85)). Dans les jours qui ont suivi, des activités significatives ont été mesurées sur la plupart des stations de prélèvement du territoire métropolitain, avec des niveaux variant entre 0,05 Bq/L et 3,10 Bq/L. Les valeurs les plus élevées ont été observées dans le lait de chèvre et de brebis, allant de 0,06 à 3,10 Bq/L, alors que la gamme d’activité mesurée dans le lait de vache a été de 0,05 à 0,66 Bq/L.

 

La baisse des activités a été observée à partir de la mi-avril en métropole. Début mai, seul le lait de chèvre présentait encore des activités significatives, inférieures à 0,2 Bq/L (figure III.13), l’iode n’étant plus quantifiable dans le lait de vache dès le 22 avril. À noter qu’à la suite de l’accident de Tchernobyl en avril 1986, les niveaux d’activités en iode 131 mesurés en France dans les laits prélevés en mai 1986 oscillaient entre 100 et 600 Bq/L. 

 

Activités en iode 131 mesurées dans le lait en métropole entre mi-mars et début mai 2011 (Bq/L).

Figure III.13 - Activités en iode 131 mesurées dans le lait en métropole entre mi-mars et début mai 2011 (Bq/L).

 

Seuls 3 échantillons ont présenté des activités très faibles en césium 134 (maximum de 0,1 Bq/L sur l’échantillon prélevé à Sepmes le 7 avril 2011). Des traces de césium 137 ont été mesurées dans plusieurs échantillons en raison de la persistance du césium 137 déposé à la suite des essais nucléaires en atmosphère et de l’accident de Tchernobyl. 

 

Concernant les Drom-Com, seuls trois prélèvements de lait de vache réalisés en Guyane ont présenté des activités significatives en iode 131 (maximum 0,27 Bq/L). Aucune activité significative n’a été décelée dans les autres Drom-Com durant cette période.

 

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