Savoir et comprendre

La préparation des inspections des réacteurs

04/05/2016

​Les experts de l’IRSN suggèrent chaque année des thèmes d’inspection. Ce travail permet d’élaborer l’ordre du jour des inspections dans l’installation désignée par l’ASN. Ces inspections programmées très amont sont complétées par des visites inopinées suite à un incident.
 

L’ASN et l’IRSN préparent très en amont les inspections. « Quand les inspecteurs se rendent sur un site, c’est la fin d’un processus entamé l’année précédente », explique Pierre Marbach, chargé à l’IRSN du suivi de la convention entre l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et l’Institut.
 

Dans un premier temps, au printemps, l’ASN demande à l’IRSN de proposer des thèmes prioritaires, d’identifier des tendances, pour l’année suivante. « Des thèmes sont identifiés à partir du retour d’expérience et des bases de données d’incidents. Nous devons être une force de proposition », explique Hervé Bodineau, responsable du service de sûreté des réacteurs à eau sous pression à l’IRSN. 
 

Au fil des débats et des allers-retours, un programme est fixé vers décembre pour l’année à venir. « Il va porter sur des problèmes susceptibles d’affecter tout un palier de réacteurs, voire l’ensemble du parc, comme la corrosion d’une tuyauterie d’un circuit de refroidissement », ajoute Hervé Bodineau. Certains thèmes reviennent régulièrement, comme la maintenance ou la conduite des installations.
 

Un ordre du jour précis pour chaque inspection
 

Au niveau de l’installation proprement dite, la préparation de l’inspection commence dans un deuxième temps, quand l’ASN convoque l’IRSN à une réunion préparatoire. Les inspecteurs de l’ASN, l’ingénieur IRSN chargé du site concerné et des experts de l’Institut spécialistes du thème prévu échangent pour affiner et arrêter l’ordre du jour de la visite.
 

« Nous avons notre connaissance des installations et des événements significatifs que l’exploitant déclare. Nous demandons à l’IRSN d’apporter sa connaissance plus fine des écarts pour guider nos contrôles », explique Éric Gaucher, chargé du bureau exploitation des centrales nucléaires à l’ASN.
 

En revanche, l’exploitant de l’installation n'est prévenu que peu de temps avant l’inspection, voire pas du tout pour une inspection inopinée. À cet instant, une version simplifiée de l’ordre du jour lui est transmise, accompagnée d’une liste de documents (notes d’organisation, bilans matériels, fiches d’écart...) à transmettre pour préparer la visite.
 

Les ingénieurs du site EDF chargés des relations avec l’ASN informent dans la foulée les services opérationnels concernés par l’ordre du jour, envoient les documents exigés et organisent concrètement la venue des inspecteurs.

 

Trois types d’inspections
 

Les contrôles réalisés en période de fonctionnement du réacteur s’attachent en général à un sujet précis. Tout est susceptible d’être passé au crible. Les équipements – circuits de vapeur et d’eau, appareils de mesure et alarmes, composants des tableaux de commande électrique, etc. – sont contrôlés du point de vue technique ou sous l’angle de la radioprotection. Sont également vérifiés la façon de les installer, de les exploiter ou de les entretenir, les documents, les achats…
 

Les inspections sont plus nombreuses lors des arrêts de tranche – un arrêt de réacteur pour maintenance ou rechargement de combustible. Dans ce cas, l'inspection ne porte pas sur un thème précis. Ces « visites de chantier » constituent pour le chargé de site de l’IRSN l’occasion de faire le point sur la centrale dont il a la charge.
 


L’inspection d’une pompe primaire lors d’un arrêt de tranche



L’inspection d’une pompe primaire lors d’un arrêt de tranche
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Source : Antoine Dagan/Spécifique/IRSN

 

Il arrive qu’un incident signalé par EDF déclenche une inspection non programmée. Fin mai 2015, la centrale de Cattenom, en Moselle, a ainsi signalé l’ouverture intempestive d’une vanne de décharge à l’atmosphère et lancé son plan d’urgence interne.


Ce type d’événement déclenche systématiquement une inspection dite « réactive ». A Cattenom, l’ASN a vérifié que l’exploitant avait bien appliqué la conduite à suivre en situation dégradée. Les premiers éléments de retour d’expérience ont été recueillis en veillant en particulier au fonctionnement des organisations. Enfin, l’IRSN a engrangé des données techniques sur l’incident.