Savoir et comprendre

La sûreté du démantèlement des installations nucléaires

21/05/2012

 

  Démantèlement du réacteur EL4 de Brennilis.  

A l’issue de leur période d’exploitation, les installations nucléaires de base font l’objet d’opérations d’assainissement et de démantèlement destinées à en éliminer le contenu radioactif afin de permettre, à terme, la réutilisation de l’installation ou du site concerné, éventuellement sous conditions. 
 

Depuis quelques années, les exploitants (EDF, CEA, AREVA) se sont engagés dans de vastes programmes de démantèlement, privilégiant un démantèlement immédiat, qui devraient aboutir, d’ici les années 2025, au déclassement d’environ quarante installations nucléaires de base. 
 

Les installations concernées par ces opérations sont notamment :
 

  • les réacteurs de la filière graphite-gaz (Chinon A1, A2 et A3, Saint-Laurentdes-Eaux A1 et A2, Bugey 1), le réacteur EL4 à eau lourde de Brennilis, le réacteur à eau sous pression Chooz A et le réacteur à neutrons rapides Superphénix 
     
  • une vingtaine d’installations nucléaires situées sur les sites CEA de Fontenay-Aux-Roses, Grenoble, Saclay, Cadarache et Valrho ;
  • les usines d’enrichissement par diffusion gazeuse de Pierrelatte et les usines de traitement de combustibles irradiés UP1 de Marcoule et UP2-400 de La Hague.

  

 

  Chantier pilote EL4.  

Au sein de l’IRSN, des ingénieurs mènent l'expertise de sûreté des opérations de démantèlement des installations nucléaires de base, dans le cadre de la mission générale d’appui technique des autorités de sûreté. La démarche d’examen est modulée selon le type d’installations, dont la nature, et donc les risques associés aux opérations d’assainissement et de démantèlement, varient sensiblement d'un cas à un autre (réacteurs de puissance, réacteurs de recherche, usines, laboratoires, etc.).
 

Cette expertise est effectuée, comme pour les laboratoires et usines nucléaires en exploitation, par des équipes pluridisciplinaires et selon des méthodes analogues, adaptées en permanence aux risques réels des opérations réalisées. Elle se base sur les documents de sûreté fournis par l’exploitant et les compléments qu’il transmet dans le cadre de l’instruction technique.

 

 

Le démantèlement : une démarche spécifique

 

  Assainissement local EL4.  

Le démantèlement d’installations nucléaires sur un même site ou sur différents sites nécessite, de la part des exploitants, la mise en place d’une stratégie industrielle adaptée (niveau de démantèlement à atteindre, organisation, échéancier, priorités du point de vue de la sûreté, gestion des déchets, etc.), les durées associées aux projets de démantèlement étant généralement longues. Ces contraintes montrent l’importance de la gestion de projets. 
 

Les opérations de démantèlement nécessitent la réalisation d’études de sûreté spécifiques dans la mesure où elles sortent du référentiel de sûreté d’exploitation. A cet égard, les difficultés récurrentes rencontrées sont liées notamment à la connaissance de l’historique d’exploitation des installations. Afin de pouvoir gérer les déchets radioactifs produits par les opérations de démantèlement, les exploitants sont amenés à concevoir, construire et mettre en service des installations de traitement, de conditionnement et d’entreposage de déchets. En outre, ils définissent des méthodes d’assainissement des bâtiments nucléaires permettant d’atteindre les objectifs radiologiques recherchés.
 

Du point de vue de la sûreté et de la radioprotection, un important champ d’expertise comprend ainsi les stratégies de démantèlement et les organisations mises en oeuvre par les exploitants, les dispositions en matière de gestion des déchets et les modalités de contrôle des installations avant déclassement des zones dites “à déchets radioactifs”.

 

 

Les risques liés au démantèlement des installations nucléaires

 

   Piscine de Mélusine.  

Comparativement à la phase d’exploitation, les risques associés à l’installation durant la phase de démantèlement sont généralement plus faibles pour l’environnement, du fait de la réduction des quantités de matières radioactives présentes. Par contre, les risques pour les travailleurs deviennent plus importants, en raison de la nature même des opérations d’assainissement qui nécessitent, in fine, l’intervention du personnel “au contact”.
 

Les risques essentiels sont ceux d’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants et de dissémination de matières radioactives, les risques d’incendie et d’explosion ainsi que les risques classiques liés aux démontages d’équipements (électrocution, chute de charges, etc.).
 

Les risques liés aux facteurs humains et à l’organisation revêtent également une grande importance. En tout état de cause, la phase de démantèlement d’une installation nucléaire doit être gérée par l’exploitant nucléaire avec la même rigueur que la phase d’exploitation.
 

L’expertise réalisée par l’IRSN porte tout particulièrement sur les aspects liés à la radioprotection, avec notamment la vérification de la mise en œuvre d’une démarche ALARA (ALARA : As Low As Reasonably Achievable) adaptée, ainsi que sur les risques nouveaux apparaissant durant les phases d’assainissement et de démantèlement.