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Bonjour, Aktis est une lettre trimestrielle multimédia qui met en lumière quelques résultats récents des laboratoires de recherche de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ce numéro spécial sur les recherches de l’IRSN concernant les accidents de perte de refroidissement est en deux parties, envoyées sous forme de deux mails successifs. Cette lettre vous est envoyée pour information. Vous pouvez vous abonner via un lien en bas de ce mail. Ci-dessous la première partie… Bonne lecture ! La rédaction |
N° 5_1, Numéro spécial - 1ère partie - septembre 2011 | ||
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Accidents
de fusion du cœur - Réacteurs à eau sous pression
L'effet
du bore sur l'endommagement du cœur et le comportement des produits de
fission
L'essai FPT-3, dernier
essai du programme Phébus PF qui simulait un accident nucléaire avec des
matériaux réels, a permis de mieux comprendre l'effet du bore sur la
dégradation du cœur d'un réacteur nucléaire et le comportement des
produits de fission.
Afin de mieux évaluer les rejets radioactifs en cas
d'accident avec fusion du cœur dans un réacteur nucléaire, l'IRSN a
réalisé de 1993 à 2004 le programme Phébus PF qui simulait un accident de
fusion à l'échelle 1/5000 avec des matériaux réels. Les cinq essais ont
permis d'observer de manière couplée les phénomènes physico-chimiques
gouvernant la fusion du cœur, le relâchement des produits de fission (PF)
par le combustible puis leur transfert et leur devenir dans l'enceinte de
confinement. Le dernier essai en date (FPT-3), dont l'analyse s'est
achevée fin 2010, a plus spécifiquement étudié l'effet des barres de
commande en carbure de bore(1) (B4C) sur la
dégradation du cœur et sur le transport et la distribution des produits de
fission.
[ La dégradation commence par le B4C ] Premier résultat de cet essai : la dégradation du cœur a commencé par une dissolution partielle du B4C, formant des mélanges liquides à bas point de fusion (eutectiques) qui ont entraîné une liquéfaction partielle du combustible voisin. Quant au B4C non fondu, il a été oxydé par la vapeur (l'eau de refroidissement se vaporise durant l'accident) formant de l'hydrogène, des oxydes de carbone et de l'acide borique. Simultanément, la vapeur d'eau oxyde le gainage métallique à base de zirconium qui contient le combustible. La réaction induit une élévation de température rapide qui favorise le relâchement des produits de fission par le combustible. [ Les PF sont piégés ou se déposent ] Deuxième enseignement majeur, l'essai a montré que l'acide borique dégagé par l'oxydation du B4C se dépose largement sous forme d'aérosols dans le circuit primaire(2) et piège une grande partie des produits de fission. Quant aux PF non piégés, ils sont transportés sous forme d'aérosols jusqu'à l'enceinte de confinement du réacteur et s'y déposent. Enfin, le résultat le plus important de l'essai FPT-3 concerne l'iode, dont la forme majoritaire dans le circuit primaire s'est avérée être la forme gazeuse. Il est apparu qu'une fois dans l'enceinte, l'iode interagit avec les surfaces peintes soit pour y être piégé, soit pour former des iodures organiques, composés très volatils. Ces résultats ont permis d'améliorer la modélisation des phénomènes de dégradation impliquant le B4C implémentée dans le logiciel de simulation des accidents graves AstecGLO. Quant à la chimie de l'iode, les B4C utilisés actuellement rendent compte des tendances observées. La description des transformations physico-chimiques de l'iode est en cours d'amélioration, nourrie des résultats du programme International Source Term Programme (ISTP) qui étudie les phénomènes de façon séparée pour mieux les quantifier. Les futurs modèles alimenteront à leur tour le logiciel Astec pour obtenir une meilleure prédiction des rejets. Commission européenne, AECL (Canada), Kaeri/Kins (Corée), US-NRC (États-Unis), Jnes/JAEA (Japon), PSI/HSK (Suisse), CEA, CNRS/Université de Lille 1, EDF. Contact : Bernard Clément (Service d'étude et de modélisation de l'incendie, du corium et du confinement - Semic) (1) Le
carbure de bore B4C est un absorbant neutronique utilisé pour
contrôler la puissance notamment des réacteurs de types REP 1300 et REP
1450 du parc français, du futur EPR ainsi que des réacteurs à eau
bouillante tels que ceux de la centrale de Fukushima.
(2) Le
circuit primaire est le circuit où transite l'eau de refroidissement du
réacteur. Durant un accident de fusion, l'eau y est
vaporisée.
+++ Haste
T., Payot F., Manenc C., Clément B., March P., Simondi-Teisseire B., Zeyen
R. « Phébus FPT-3 : Overview of main results concerning the behaviour
of fission products and structural materials in the containment »,
Nuclear Energy for New Europe, Bovec, Slovenia, 12-15 septembre
2011 (à paraître). Accidents
de fusion du cœur - Réacteurs à eau sous pression
Refroidissement
de débris de cœur par injection d'eau
Les premiers résultats
du programme Pearl conduit par l'IRSN montrent comment l'eau progresse au
sein d'une couche de billes chauffées. Première étape pour étudier
expérimentalement le refroidissement d'un cœur fragmenté de réacteur.
Une rupture ou une fuite importante sur le circuit de refroidissement
d'un réacteur nucléaire peut, en cas de dysfonctionnement des systèmes de
secours, conduire à un assèchement des crayons de combustible. L'évolution
vers la fusion du cœur du réacteur ne peut alors être stoppée qu'en
réinjectant rapidement de l'eau. Bien qu'indispensable pour refroidir le
combustible, cette action – dite « renoyage » - peut cependant
mettre en danger l'intégrité de l'enceinte(1). Il est donc
nécessaire de définir dans quelles configurations et sous quelles
conditions cette opération présente un réel intérêt et quels sont les
risques associés. (1) Le
renoyage d'un coeur à très haute température induit une production
importante et rapide de vapeur qui accroit la pression à l'intérieur de
l'enceinte. L'oxydation des métaux par cette vapeur génère de l'hydrogène.
Une fois dans l'enceinte, l'hydrogène peut provoquer des explosions, comme
cela s'est produit à Fukushima.
(2)
Pearl : Programme expérimental analytique étudiant le renoyage de
lits de débris.
(3) Le
front de trempe est ici la surface de discontinuité thermique entre la
zone où les débris sont restés asséchés et surchauffés et la zone où,
remouillés, ils sont à plus basse température.
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