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Éclairer
les esprits, des experts comme de la société |
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Dans un avenir proche, va être soumis à débat public, puis
au processus de décision administrative, le projet d'un site
de stockage en couche géologique profonde de déchets
nucléaires à vie longue. Il incombe à l'Agence nationale pour
la gestion des déchets radioactifs (Andra) d'établir la
démonstration de la sûreté de ce stockage, et de mener les
travaux d'études et de recherche pour la soutenir. L'Agence a
mis à profit un vaste ensemble de données, d'hypothèses
longuement pesées et confrontées aux essais qu'elle a menés
dans le laboratoire souterrain de Bure.
Pour autant,
les enjeux techniques et les attentes de la société sur ce
sujet atteignent un niveau tel qu'il était tout à fait
nécessaire que l'IRSN – qui est chargé d'évaluer la capacité
du projet à remplir sa mission – mène en parallèle ses propres
recherches pour bien orienter ses travaux d'expertise. Le
« focus » de ce numéro d'Aktis présente
l'approche de recherche de l'IRSN dans ce domaine.
Ces
travaux prennent aujourd'hui un nouveau relief à travers
l'initiative prise par l'Anccli(1), le
Clis(2) de Bure et l'IRSN : partager ces
connaissances scientifiques avec ceux de nos concitoyens qui
veulent se forger leur propre opinion en vue d'exercer, de
manière éclairée, leur droit à la participation au processus
de décision. |
Matthieu
Schuler, Directeur de la stratégie, du développement et
des partenariats
(1)
Anccli : Association nationale des comités et commissions
locales d'information.
(2)
Clis de Bure : Comité local d'information et de suivi du
laboratoire souterrain de recherche sur la gestion des déchets
radioactifs de
Bure. | |
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Dosimétrie
externe
Des
fantômes numériques pour la dosimétrie cardiovasculaire
Les premiers résultats d'une thèse
menée à l'IRSN montrent l'intérêt d'utiliser des fantômes numériques
hybrides pour évaluer plus précisément la dose reçue par le coeur
lors d'une radiothérapie thoracique.
La radiothérapie thoracique (par exemple pour le traitement d'un
cancer du sein) peut s'avérer toxique pour le cœur, car il se trouve
alors à proximité du champ d'irradiation voire partiellement dans ce
champ. Limiter ce problème majeur, reconnu par la communauté
scientifique, nécessite d'évaluer plus précisément la dose reçue par
le cœur, d'une part pour la minimiser lors des traitements, et
d'autre part pour mieux connaître la relation entre la dose et
l'effet possible. Un travail de thèse a commencé il y a un an à
l'IRSN pour établir une méthode plus précise d'évaluation de ces
doses tenant compte de l'anatomie des patients. Les premiers
résultats ont déjà montré la pertinence d'utiliser des fantômes
numériques, c'est-à-dire des représentations de l'anatomie d'un
patient en trois dimensions, pour la dosimétrie
cardiovasculaire.
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Fantôme numérique hybride d'un
thorax féminin (vert=poumons ; violet=glande mammaire
gauche) avec le modèle détaillé de cœur
(gris). |
[ Scanographies et
radiographies ]
La doctorante, Alexandra
Moignier, a travaillé à partir des images de six patientes traitées
pour un cancer du sein gauche : dans trois cas (groupe 1),
elle a utilisé les scanographies thoraciques typiquement disponibles
dans les dossiers récents ; dans les trois autres
(groupe 2), elle a utilisé les radiographies orthogonales pour
reproduire les informations disponibles dans les dossiers anciens. À
partir de ces deux types d'images et à l'aide d'un logiciel
d'infographie, elle a construit pour chaque patiente un fantôme
numérique. Elle y a inséré un modèle détaillé de cœur car l'organe
n'est pas suffisamment visible sur les clichés de départ, quel qu'en
soit le type. Le plan de traitementGLO
des patientes a ensuite été simulé sur les fantômes numériques à
l'aide d'un logiciel utilisé en clinique. Les doses reçues par les
patientes de chacun des deux groupes ont ainsi pu être calculées à
partir du fantôme numérique, et comparées à la dosimétrie établie au
moment du traitement.
[ Représentativité
moins arbitraire ]
En comparant les
résultats des dosimétries initiales et recalculées, il apparaît que
pour le premier groupe de patientes le fantôme est très
représentatif de leur anatomie et que les doses reconstituées à
partir du fantôme numérique concordent avec celles calculées lors du
traitement. Pour le second groupe, malgré une fidélité anatomique
plus limitée, l'évaluation dosimétrique reste proche de celle
fournie par le fantôme numérique.
Les résultats obtenus
grâce au modèle de cœur montrent que la dose reçue à l'artère
coronaire la plus proche du champ d'irradiation est deux à trois
fois plus importante que celle reçue au cœur. Ces résultats
attestent de la flexibilité des fantômes numériques qui permettent
de simuler de nombreuses anatomies en faisant varier
individuellement les paramètres et en insérant un modèle de cœur
générique ou personnalisé.
Contacts :
Alexandra Moignier (Laboratoire d'évaluation de la dose
interne - LEDI)
Bernard
Aubert (Unité d'expertise médicale - UEM)
+++ Liens
vers les publications
+++ Moignier A., Derreumaux
S., Broggio D., Beurrier J., Chea M., Boisserie G., Franck D.,
Aubert B., Mazeron J.-J., « Potential of Hybrid Computational
Phantoms for Retrospective Heart Dosimetry After Breast Radiation
Therapy : A Feasibility Study », International Journal of
Radiation Oncology, Biology, Physics 85 (2013) pp.
492-499. |
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10
Récompenses
décernées en 2012 à des doctorants ou anciens doctorants de
l'IRSN.
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Analogue
géologique
Site ou matériau ayant certaines caractéristiques géologiques
(structure, minéralogie…) similaires à celles de l'objet d'étude.
Bactéries
chimioautotrophes
Bactéries qui réalisent la chimiosynthèse : l'énergie
utilisée provient de l'oxydation de composés minéraux tels que les
composés soufrés ou le méthane (équivalent du rôle de la lumière
dans la photosynthèse).
Biodisponibilité
Disponibilité d'un élément pour être absorbé et assimilé par
les organismes vivants.
Calage
d'un modèle
Consiste à modifier ses paramètres, dans une gamme de valeurs
réalistes, pour que les résultats des simulations soient les plus
proches possible des valeurs mesurées.
Déconvolution
Opération mathématique qui consiste à reconstituer un élément
d'entrée en connaissant le résultat et la fonction permettant de
passer de l'élément d'entrée au résultat (ici, le résultat est la
mesure ; la fonction est la fonction de réponse du
détecteur ; et l'élément d'entrée la radioactivité présente).
Hydrogéologie
Étude des eaux souterraines.
Imagerie
sismique
Imagerie utilisée dans le sous-sol, qui utilise l'écho d'ondes
sonores réfléchies par les interfaces géologiques (différentes
couches, failles).
Plan
de traitement
Ensemble des faisceaux de rayonnement nécessaires pour réaliser
le traitement. Le plan décrit l'orientation et la géométrie des
faisceaux ainsi que la dose délivrée par chacun d'eux.
Polychètes
(Polychaeta)
Vers annelés comportant plus de 10 000 espèces, dont la
plupart vivent en mer.
Réponse
angulaire du spectromètre
Fonction qui réalise le passage entre l'activité d'un volume du
sol et le flux de rayonnement enregistré.
Transport
par diffusion
Transport lié à une différence de concentration d'un élément
chimique dans une solution : les éléments dissous migrent des
zones les plus concentrées vers les zones les moins concentrées pour
se répartir uniformément. |
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Deux
soutenances de HDR en radioprotection
Habilitation à diriger
des recherches
Éric Blanchardon a exposé une
synthèse de ses travaux et des perspectives de recherche sur
le « Développement et application de méthodes pour
l'évaluation de la dose de rayonnement résultant d'une
contamination radioactive interne », pour obtenir son
habilitation à diriger des recherches le 21 novembre 2012.
Fabien Milliat a fait de même le 19 décembre 2012 sur le thème
des « lésions radio-induites aux tissus sains : rôle
du compartiment vasculaire ».
2012 :
une année de prix pour les doctorants de l'IRSN
Thèses
Dix récompenses ont été décernées en
2012 à des doctorants ou anciens doctorants de l'IRSN.
Starrlight Augustine a reçu le prix
de thèse 2011 de l'université Aix-Marseille pour l'excellence
de ses travaux de thèse effectuée au Laboratoire
d'Écotoxicologie des radionucléides (Leco) de l'IRSN, et
soutenue le 23 avril 2012.
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Starrlight
Augustine |
Jérémy Sabard, en troisième année de thèse
au Bureau de physique des accidents graves (BPhAG) de l'IRSN,
a remporté l'un des cinq prix du meilleur article au
9e International Symposium on Hazards, Prevention
and Mitigation of Industrial Explosions (ISHPMIE -Cracovie
(Pologne) - 22 au 27 juillet 2012).
Mélany
Gouello, qui a réalisé sa thèse au Laboratoire
d'expérimentation environnement et chimie (L2EC) de l'IRSN, a
reçu le prix du meilleur poster lors de la Conférence Nuclear
Energy for New Europe (NENE 2012 - Ljubjana (Slovénie) - 5 au
7 septembre 2012).
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Mélany
Gouello |
Pierre Roupsard, qui a mené sa thèse au
Laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville (LRC) de
l'IRSN, a reçu le prix du meilleur poster lors de la
19e European Aerosol Conference (Grenade (Espagne)
- 2 au 7 septembre 2012).
Andrea
Bachrata, qui a effectué sa thèse au Laboratoire
d'étude et de simulation des accidents majeurs (Lesam) de
l'IRSN, a reçu le prix du meilleur papier étudiant lors de la
20ème International Conference on Nuclear
Engineering (ICONE20 – Anaheim (USA) - 30 juillet au 3 août
2012). Elle avait par ailleurs reçu le 10 octobre 2011 une
bourse L'Oréal France – Unesco- Académie des sciences
« Pour les Femmes & la Science ».
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Andrea
Bachrata |
Isabel Idarraga qui a effectué sa thèse au
Laboratoire d'expérimentation en mécanique et matériaux (LE2M)
de l'IRSN, a reçu le 18 juin 2012 à Paris le prix Jean
Bourgeois décerné par la Sfen (Société française d'énergie
nucléaire).
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Isabel
Idarraga |
Caroline Rouas, qui a réalisé sa thèse au
Laboratoire de radiotoxicologie de l'IRSN, a obtenu le prix de
thèse de l'École doctorale 425 de l'Université Paris XI à
Chatenay-Malabry qui récompense une thèse du Pôle de
Pharmacologie-Toxicologie.
Jad Farah,
choisi pour représenter la France au 13e Congrès de
l'IRPA (Glasgow - 13 au 18 mai 2012), a remporté le premier
« prix des jeunes professionnels » pour son travail
de thèse effectué au Laboratoire d'évaluation de la dose
interne de l'IRSN.
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Jad
Farah |
Morgan Dutilleul, en troisième année de
thèse au Laboratoire d'écotoxicologie des radionucléides
(Leco) de l'IRSN, a remporté le deuxième prix de la finale du
concours « Votre soutenance en 180 secondes » (3MT –
3 minutes thesis), lors du 80e Congrès de
l'Association francophone pour le savoir (Acfas) le 10 mai
2012.
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Morgan
Dutilleul |
Miloud Chahlafi a reçu en janvier 2012 le
prix de la meilleure thèse en sciences de l'ingénieur décerné
par la Fondation EADS en 2011 pour sa thèse effectuée au
Laboratoire d'étude et de simulation des accidents majeurs
(Lesam) de l'IRSN.
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Combustible
- Physique/chimie
Caractérisation
sous rayonnement synchrotron des cinétiques de dissolution/précipitation
d'hydrures
Pour mieux connaître
les phases de l'hydrogène piégé dans les gaines du combustible nucléaire,
l'IRSN a soumis des échantillons de Zircaloy-4 au rayonnement synchrotron
de l'ESRF.
Lors de leur séjour en réacteur, les gaines en alliage de zirconium qui
contiennent le combustible nucléaire s'oxydent. Cette oxydation engendre
la formation d'hydrogène dont une partie s'accumule progressivement dans
les gaines sous deux formes différentes : précipité en plaquettes
d'hydrure de zirconium ou dissous dans la matrice de zirconium.
L'hydrogène ainsi fixé modifie les propriétés de la gaine et peut
notamment la fragiliser. La gaine constituant la première barrière de
confinement des radionucléides produits par la fission, il est essentiel
de bien caractériser sa résistance. Cela nécessite bien sûr de quantifier
l'hydrogène fixé mais aussi de bien caractériser la partition entre les
deux formes ci-dessus.
Si la quantité d'hydrogène piégé dans la
gaine est aujourd'hui assez bien évaluée, il n'en est pas de même pour la
partition entre formes. Le verrou scientifique à lever est la cinétique
avec laquelle, à une température donnée, les transformations d'une forme à
l'autre s'opèrent dans les gaines.
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Photo d'hydrures dans une
gaine. |
[ À l'aide du
synchrotron ]
L'Institut a lancé un projet de
recherche exploratoire(1) sur deux ans pour mieux caractériser
les cinétiques de dissolution et de précipitation des hydrures dans le
Zircaloy-4 (un des alliages de zirconium utilisé pour les gaines) à l'aide
du rayonnement synchrotron de l'ESRF(2). Ce dernier permet en
effet de suivre en continu les changements de phase qui se produisent dans
la matière à l'échelle de petits composants tels que les hydrures. Plus de
48 heures d'expérimentation ont porté sur des échantillons de Zircaloy-4,
hydrurés au préalable en laboratoire, pour être représentatifs d'une gaine
ayant séjourné en réacteur. Placés dans un four, lui-même installé sur une
ligne du synchrotron, ils ont été successivement chauffés, maintenus à un
certain niveau de température (environ 500°C), puis refroidis à
différentes vitesses.
[ Dissolution et précipitation
des hydrures ]
La masse de données ainsi
recueillies a permis, après interprétation, de quantifier les cinétiques
de dissolution et de précipitation des hydrures à différentes
températures. Un gonflement de la matrice de zirconium consécutif à la
dissolution des hydrures a aussi été mis en évidence.
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Le rayonnement X du synchrotron est
diffracté selon un angle spécifique (en abscisse du diagramme) à
chaque composant chimique de l'échantillon. Le diagramme représente
en ordonnée l'intensité du rayonnement après diffraction ; les
pics sont caractéristiques d'un composant donné, et leurs hauteurs
donnent leurs proportions dans l'échantillon. Chaque ligne
correspond à une température : de 25 °C en arrière-plan à
550 °C au premier plan. Le second pic, caractéristique de
l'hydrure de zirconium, diminue avec l'augmentation de la
température. Ceci démontre la dissolution progressive des hydrures
et permet de quantifier la cinétique
associée. |
Pour modéliser ces phénomènes, et ainsi améliorer la précision des
simulations numériques du comportement des combustibles nucléaires, il
reste à mieux comprendre les mécanismes élémentaires conduisant aux
cinétiques de dissolution observées. C'est à cette fin qu'a été lancée en
2011 une thèse sur le comportement à l'échelle atomique des hydrures de
zirconium.
INSA-Lyon, Université de Manchester.
Contact :
Olivier Marchand (Laboratoire de physique et de thermomécanique
des matériaux - LPTM)
(1) Les
projets de recherche exploratoire relèvent d'un dispositif mis en place à
l'Institut pour explorer des domaines de recherche non prévus par les
programmes classiques.
(2)
ESRF : European Synchrotron Radiation Facility.
Radioécologie
La
radioactivité chez les organismes de sites hydrothermaux sous-marins
L'IRSN vient
d'attribuer son premier prix de la créativité en recherche à Sabine
Charmasson pour son travail de recherche exploratoire sur la radioactivité
naturelle accumulée par les organismes vivant près des sources
hydrothermales sous-marines.
Situées au fond des mers, dans des zones d'activité volcanique, les
sources hydrothermales sont des points où l'eau rejaillit après avoir
circulé au contact des roches basaltiques de la croûte océanique. Ce
fluide hydrothermal est chargé en sels minéraux, en éléments métalliques,
en radioéléments naturels et en gaz dissous. Une équipe de l'IRSN a
cherché à valider l'hypothèse que la faune exubérante vivant dans les
écosystèmes hydrothermaux accumule la radioactivité naturelle transportée
par ces fluides. Cette recherche exploratoire vise à identifier des
organismes soumis en permanence (exposition chronique) à des niveaux de
radioactivité élevés, en vue de progresser dans la compréhension des
mécanismes de réaction du vivant aux rayonnements ionisants.
Les
chercheurs ont mesuré les teneurs en radioéléments de divers organismes
(crustacés, vers, mollusques) collectés sur la dorsale orientale du
Pacifique et la Ride Médio-Atlantique en 1996, 2001, 2002 et 2007. Les
mesures ont porté sur les isotopes 234, 235 et 238 de l'uranium, les
isotopes 230 et 232 du thorium, le plomb 210 et le
polonium 210.
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Le ver polychète Paralvinella grasslei
vit dans un épais mucus, seules ses branchies rouges sont visibles.
L'IRSN projette d'étudier le polonium dans les tissus de ces
organismes dont les tubes muqueux ont atteint des valeurs proches de
19 000 Bq/kg sec. |
[ Un à deux ordres
de grandeur ]
Sans atteindre des niveaux
exceptionnels, la radioactivité mesurée est généralement supérieure d'un à
deux ordres de grandeur aux niveaux mesurés dans les organismes côtiers ou
dans les organismes abyssaux vivant hors de l'influence des sources. En ce
qui concerne l'uranium, elle peut avoisiner 800 à 1000 Bq/kg sec en
234U (soit environ 3 µg/g) et en 238U (soit
environ 250 µg/g) chez des polychètesGLO
Paralvinella grasslei qui colonisent les cheminées. La concentration
dépend du site de prélèvement, de la localisation dans la zone de mélange
fluide-eau de mer et du régime alimentaire des organismes. L'analyse des
données suggère que le devenir de l'uranium est lié aux nombreuses
bactéries chimioautotrophesGLO
qui peuplent ces environnements et contribuent à solubiliser l'uranium, le
rendant ainsi biodisponibleGLO
pour les organismes de ces écosystèmes.
[ Des niveaux élevés en
polonium ]
Durant le projet, les chercheurs de
l'IRSN ont aussi participé en mai 2007 à une campagne de prélèvement de
bathymodioles (mollusques bivalves) endémiques de la zone des Açores. Des
niveaux élevés en 210Po, radionucléide à vie courte, de l'ordre
de 800 Bq/kg sec, ont été mesurés notamment au niveau des branchies,
organes hôtes de bactéries chimioautotrophesGLO.
Les débits de dose pondérés dus au seul 210Po, évalués 3 à 4
microgray par heure (µGy/h), sont légèrement plus importants que pour les
moules côtières (1 µGy/h) mais restent faibles.
Ce projet a
permis de soulever un petit coin du mystère qui entoure encore la
compréhension du cycle complexe des radioéléments dans ces environnements
atypiques.
Ifremer, Université de Nantes.
Contact :
Sabine Charmasson (Laboratoire d'études radioécologiques en
milieux continental et marin - LERCM)
Métrologie
Cartographier
la radioactivité en temps réel
Un nouveau dispositif
mobile et léger pour cartographier in situ la contamination
radioactive d'un site a été mis au point durant une thèse élaborée à
l'IRSN par Fabien Panza. Le prototype Oscar a été expérimenté avec succès
sur un site de la préfecture de Fukushima (Japon).
Réaliser une cartographie en temps réel de la radioactivité présente
sur un terrain de petite dimension (champ, zone délimitée dans une ville,
etc.) : c'est le défi relevé par Fabien Panza avec le prototype
Oscar(1), qu'il a créé durant une thèse effectuée à l'IRSN, et
pour lequel trois brevets ont été déposés. Le dispositif utilise un
spectromètre gamma au germanium couplé à un GPS, le tout monté sur un
chariot mobile afin de pouvoir effectuer les relevés en se déplaçant.
Cette modalité de recueil implique que les mesures du spectromètre durent
très peu de temps, et sont donc peu intenses. Établir une carte précise et
fiable de la radioactivité du site nécessite alors qu'un nombre suffisant
de données ait été récolté au-dessus des zones contaminées.
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[ Optimiser le
parcours ]
Pour éviter à l'opérateur de faire
les mesures à l'aveugle, F. Panza a d'abord développé deux algorithmes
qui, en traitant les mesures en temps réel, permettent d'optimiser le
parcours des relevés et le temps de mesure. Fondé sur la méthode dite de
« back-projection », le premier algorithme oriente l'opérateur
vers les zones les plus contaminées. Cette méthode exploite la fonction de
réponse angulaireGLO
du spectromètre pour estimer en temps réel la zone d'où proviennent les
rayonnements enregistrés. L'opérateur peut ainsi augmenter le nombre de
mesures au-dessus de cette zone afin d'estimer avec plus de finesse sa
contamination.
Le second algorithme, Alcam (Algorithme
cartographique de l'activité maximale), a pour but de savoir si une source
diffuse ou ponctuelle de radiation est présente dans le sol. Il repose sur
une méthode qui s'apparente à la triangulation : à partir de
plusieurs mesures d'une même source, il est possible d'en déduire comme
information la position de la source et son activité. Appliquant ce
principe le long du parcours du détecteur sur le site, l'algorithme
corrèle les informations obtenues à chaque nouvelle mesure. En posant des
hypothèses sur les caractéristiques de la source, on obtient alors en
temps réel une carte de l'activité possible maximale qui produirait le
flux enregistré. Une mesure sur ces points physiques permet de confirmer
une contamination localisée.
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Carte d'activité réalisée à l'aide du
prototype Oscar pour un site contaminé
japonais. |
[ Carte haute
définition ]
Dès que les mesures sont achevées,
la carte haute définition de la radioactivité effectivement présente dans
le sol est réalisée par le troisième algorithme développé par F. Panza.
Inspiré d'une analogie avec des traitements de données astronomiques,
celui-ci utilise une méthode de déconvolutionGLO
des mesures spectrométriques (par la réponse impulsionnelle du
spectromètre) pour déduire le flux de rayonnement gamma émis par le sol.
La carte finale correspond ainsi à la cartographie de l'activité du site.
Groupe Ramses de l'Université de Strasbourg.
Contacts :
Rodolfo Gurriaran (Laboratoire de mesure de la radioactivité dans
l'environnement - LMRE)
Fabien
Panza (Groupe logistique et métrologie - GLM)
(1)
Oscar : Outil spectrométrique pour la cartographie des
radionucléides.
Ventilation
et filtration
L'influence
du vent sur le confinement des polluants au sein d'installations
nucléaires
Des expérimentations
menées au sein de la soufflerie climatique Jules Verne du Centre
scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont permis d'étudier les
effets du vent sur le confinement de polluants au sein d'installations
nucléaires et de valider la prise en compte de ces effets par le logiciel
Sylvia développé par l'IRSN pour l'étude des incendies en milieux confinés
et ventilés.
Les bâtiments industriels, tels que ceux de l'industrie nucléaire, sont
équipés d'un réseau de ventilation qui garantit le confinement des
polluants au sein de l'installation, que ce soit en fonctionnement normal,
dégradé ou accidentel. Ce réseau est dimensionné pour que les locaux
soient maintenus dans une cascade de dépression par rapport à
l'environnement extérieur, cascade qui les hiérarchise selon le risque de
contamination.
Pour simuler des phénomènes de ventilation,
d'incendie et de transfert d'espèces volatiles au sein des réseaux de
ventilation des installations, l'IRSN a développé le logiciel
Sylvia(1) qui permet de réaliser des études de sûreté
nucléaire. Une thèse, récemment achevée à l'Institut par Nicolas Le Roux,
a permis de valider ce logiciel pour sa prise en compte des phénomènes de
couplage entre l'aéraulique interne à l'installation et les effets du
vent. En effet, le vent induit des champs de pression au niveau des
communications extérieures de l'installation, qui sont susceptibles de
modifier les écoulements aérauliques internes, notamment les débits de
fuite entre locaux. Des expérimentations à échelle réduite ont été menées
au sein de la soufflerie climatique Jules Verne du CSTB(2).
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Visualisation par injection de fumée
d'une inversion de fuite externe lors d'un essai en soufflerie pour
une vitesse de vent de 105 km/h
environ. |
[ Approche par
similitude ]
Le doctorant a d'abord mis en
oeuvre une méthode fondée sur une approche par similitude pour étudier à
échelle réduite les écoulements isothermes au sein d'installations munies
d'un réseau de ventilation. Cette approche a permis de transcrire
l'ensemble des grandeurs géométriques et aérauliques (volume des locaux,
dimension des conduits, débit, pression...) d'une installation réelle à
une échelle réduite et inversement. Après une phase de validation sur des
parties élémentaires de réseaux de ventilation (conduits raccordés à un
seul local ou à un filtre à très haute efficacité), cette méthode a été
appliquée pour réaliser des campagnes expérimentales pour deux
configurations simplifiées, représentatives d'installations nucléaires.
[ Champs de
pression ]
Les expérimentations montrent que le
vent peut entraîner une perte partielle ou globale du confinement
dynamique des polluants en fonction de la vitesse et de l'incidence du
vent, et selon l'architecture et le mode de fonctionnement de
l'installation. Cela résulte des champs de pression, créés au niveau des
communications extérieures par la vitesse moyenne du vent ou sa composante
turbulente. Ils peuvent modifier la hiérarchisation des pressions entre
locaux et avec l'environnement extérieur. Ces résultats expérimentaux
contribuent à la validation du logiciel Sylvia pour prendre en compte les
effets du vent en situation isotherme. La prise en compte des phénomènes
thermiques couplés aux transferts de masse est prévue lors d'une seconde
thèse qui a débuté fin 2012.
CSTB ; Laboratoire des sciences de l'ingénieur
pour l'environnement (LaSIE) de l'Université de La Rochelle.
Contact :
Nicolas Le Roux (Laboratoire d'études et de modélisation en
aérodispersion et confinement - LEMAC)
(1)
Sylvia : systèmes de logiciels pour l'étude de la ventilation, de
l'incendie et de l'aérocontamination.
(2)
CSTB : Centre scientifique et technique du bâtiment.
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