Savoir et comprendre

Des études de terrain

21/03/2023

Pour mieux évaluer l'impact des rejets de l'ICPE de Malvési sur son environnement et améliorer les codes de calculs de l'IRSN, destinés à modéliser le transfert de la radioactivité depuis les points de rejets des effluents radioactifs dans les différents milieux de l'environnement (atmosphérique, terrestre et aquatique), des prélèvements d'échantillons ont été effectués à proximité et à distance du site.

Milieu atmosphérique : la conversion de l'uranium en UF4 par l'ICPE entraîne des rejets dans l'atmosphère, essentiellement d'uranium.

  • Etude des niveaux des radionucléides dans l'air

L'IRSN a mené en 2021, avec la collaboration des acteurs locaux[1] et de l'exploitant, une campagne de mesure de l'uranium présent dans les aérosols, à distance et à proximité du site.

Cette étude a pour objectif de compléter les connaissances sur les niveaux des différents radionucléides d'origine naturelle ou artificielle présents à l'état de traces dans les aérosols à proximité de l'usine de Malvési.

Dans ce cadre, une station de collecte d'aérosols à grand débit (≈330 m3/h), fonctionnant 24h/24h, a été installée à un kilomètre environ à l'est et une autre au sud-est de l'usine, sous les vents dominants. Une mesure par spectrométrie gamma à très bas niveau, permettant de quantifier et d'identifier les différents radionucléides présents dans l'air à l'état de traces, a été réalisée sur chaque échantillon prélevé hebdomadairement, complétée par une mesure de l'uranium par ICP-MS[2]. En complément, d'autres prélèvements d'aérosols suivis de mesures radiologiques ont été réalisés dans les mêmes conditions expérimentales dans la ville de Narbonne et dans le village de Cuxac-d'Aude. Il s'agit, en ces deux points situés en dehors de l'influence des rejets du site, d'obtenir des activités volumiques en uranium représentatives des niveaux de référence pour l'atmosphère.

 
Milieu terrestre : L'uranium rejeté dans l'atmosphère peut être capté par les végétaux terrestres et entrer ainsi dans la chaine alimentaire.

  • Etude des radionucléides dans les feuilles d'arbre

L'IRSN a mené à l'automne 2021 une campagne de mesure de l'uranium présent dans les feuilles de frênes, à distance et à proximité du site industriel.

Cette étude a pour objectif d'évaluer la pertinence des feuilles de frêne comme bioindicateur de la contamination de l'air par l'uranium puis de réaliser une représentation cartographique des niveaux d'activités dans cette matrice. Dans ce cadre, plusieurs kilogrammes de feuilles ont été prélevés en 12 points situés pour l'essentiel à l'est du site, c'est-à-dire sous les vents dominants mais également au nord, en dehors de l'influence des rejets.

  • Etude des radionucléides dans les denrées terrestres

L'IRSN a mené à l'été 2021 une campagne de mesure de l'uranium présent dans les denrées produites localement, à distance et à proximité du site.

Cette étude a pour objectif de déterminer la présence éventuelle d'uranium provenant du site industriel dans les denrées produites à proximité. Dans ce cadre, plusieurs kilogrammes de blé, de légumes-feuilles, de tomates, de figues, de raisin et de vin ont été prélevés chez les riverains du site (dans les champs ou chez les producteurs) en 19 points situés pour l'essentiel à l'est du site industriel, c'est-à-dire sous les vents dominants mais également au nord, en dehors de l'influence des rejets.

Prélèvement de blé à proximité du site Orano de Malvési
Prélèvement de blé à proximité du site Orano de Malvési

Une mesure par spectrométrie gamma à très bas niveau, permettant d'identifier et de quantifier les différents radionucléides présents à l'état de traces dans les feuilles d'arbre et les denrées, a été réalisée sur chaque échantillon, complétée par une mesure de l'uranium par ICP-MS. Enfin, dans quelques échantillons, des mesures de radionucléides artificiels ont également été effectuées (isotopes du plutonium, 241Am et 99Tc).

Milieu terrestre : Les radiations provenant du site et mesurées dans l'environnement constituent une source d'exposition des riverains du site.

  • Etude du débit d'équivalent de dose dans l'environnement du site industriel.

L'IRSN prévoit de réaliser en 2023 une étude du débit d'équivalent de dose gamma ambiant à proximité du site et sur le site lui-même.

Cette étude a pour objectif de cartographier précisément le débit d'équivalent de dose gamma ambiant au travers de mesures in situ à différentes échelles d'observation du terrain (site et ses environnements proches), en utilisant à la fois des mesures aéroportées (hélicoptère et drone) et des mesures « car-borne » [3]. Ces mesures in situ permettent de déterminer quels radionucléides contribuent au débit de dose dans l'environnement du site industriel et contribueront à évaluer l'exposition des personnes qui travaillent aux champs, à proximité du site et des riverains.

 
Milieu aquatique : Le devenir des substances chimiques et des radionucléides rejetés par le site industriel est étudié dans le canal de Tauran et vers l'aval, dans le canal de la Robine et l'étang de Bages.

  • Etude des substances chimiques et de l'uranium à l'aval du site industriel

L'IRSN a mené en 2021 une campagne de mesure des substances chimiques et de l'uranium rejetés par le site et présents en milieu aquatique de surface.

Cette étude a pour objectif d'évaluer les substances chimiques et l'uranium provenant du site dans le compartiment aquatique. A cette fin, des prélèvements d'eau et de sédiments de surface ont été réalisés dans les canaux à proximité du site industriel en sept points, suivis de mesures en laboratoire (cations et anions majeurs, éléments traces métalliques et isotopes de l'uranium).

Prélèvement aquatique près de Narbonne
Prélèvement aquatique près de Narbonne
  • Etude des radionucléides et des substances chimiques dans des zones d'accumulations de sédiments - Prévue par l'IRSN en 2023, cette étude a pour objectif d'étudier les radionucléides et les substances chimiques rejetés en milieu aquatique depuis le démarrage du site industriel (1959), en réalisant des prélèvements et des analyses de carottes de sédiments dans des zones d'accumulation (zone humide à proximité du site de Malvési et Etang de Bages).
  • Etude des denrées aquatiques de l'Etang de Bages - Prévue par l'IRSN en 2023, cette étude a pour but d'acquérir des connaissances sur les concentrations en radionucléides dans les poissons et les moules pêchés dans l'Etang de Bages et le riz cultivé à proximité.

 

[1] des dispositifs de prélèvements d'aérosols ont été disposés chez des riverains, des associations, sur des mairies, chez Orano

[2] La spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS) est un type de spectrométrie de masse capable de détecter les éléments traces à des concentrations très faibles. Cette analyse est effectuée en ionisant l'échantillon au moyen d'une torche à plasma, puis en analysant le plasma par spectrométrie de masse pour séparer et quantifier ces ions.

[3] Pour réaliser ces mesures, le dosimètre est transporté dans une voiture ou un quad.