Savoir et comprendre

La phase d’orientation

07/03/2019

​En 2014, l’IRSN a procédé à l’examen des orientations présentées par EDF pour le réexamen périodique [1] associé aux quatrièmes visites décennales (VD4) des réacteurs de 900 MWe (VD4-900).
 

Ce réexamen revêt un caractère exceptionnel au regard de ses enjeux. En effet, il s’agit de se prononcer sur la poursuite d’exploitation de ces réacteurs au-delà de quarante ans, ce qui correspond à la durée de vie initialement prévue pour la conception de certains ouvrages et équipements.

Cet exercice doit tenir compte d’exigences de sûreté réévaluées (prise en compte des meilleures pratiques internationales ainsi que de l’évolution des connaissances et des règles applicables aux installations similaires, en particulier aux nouveaux réacteurs), du retour d’expérience d’exploitation et des dispositions post Fukushima, dont la dernière phase de réalisation coïncidera, pour les réacteurs de 900 MWe, avec leurs VD4.

 

Les attendus de la phase d’orientation du réexamen
 

La phase « d’orientation » du réexamen a pour objectif d’aboutir à l’élaboration du programme de travail d'EDF pour mener à bien ce réexamen.
 

En septembre 2010, EDF a présenté un programme de travail concernant l’extension de la durée de fonctionnement des réacteurs au-delà de quarante ans. L’IRSN a analysé ce programme et a présenté ses conclusions lors de deux réunions du groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) en janvier 2012. Sur la base de cet examen, l’ASN a fixé en juin 2013 les objectifs à retenir pour le réexamen associé aux quatrièmes visites décennales des réacteurs de 900 MWe.
 

Ceux-ci concernent notamment :
 

  • la maîtrise de la conformité des installations à leur référentiel de sûreté et son maintien dans le temps en tenant compte des effets du vieillissement. Ceci nécessite des actions particulières d’EDF concernant, d’une part la vérification sur le terrain de la conformité des installations, avec la résorption des écarts et anomalies constatés au plus tard lors des VD4, d’autre part la connaissance des mécanismes de vieillissement, avec une attention particulière portée aux éléments non remplaçables que sont les cuves et les enceintes (voir la vidéo) ;
     
  • l’amélioration de la sûreté des installations au regard des exigences et objectifs de sûreté retenus pour le réacteur nucléaire EPR de 3e génération en cours de construction à Flamanville. Ceci requiert des modifications pour limiter les conséquences radiologiques des accidents sans fusion du cœur, pour prévenir et limiter les conséquences des accidents avec fusion du cœur (accidents graves), pour renforcer la sûreté du combustible usé entreposé et pour renforcer la robustesse des installations en cas d’agression externe (inondations, grands chauds…) (voir la vidéo).

 

Pour répondre à ces objectifs, EDF a présenté fin 2013 un dossier d’orientation du réexamen associé aux quatrièmes visites décennales des réacteurs de 900 MWe (VD4-900).

 

Analyse des orientations du réexamen associé aux VD4-900
 

L’IRSN a examiné les orientations présentées par EDF au regard des objectifs de l’ASN, notamment en termes de maîtrise du vieillissement ainsi que d’améliorations de la sûreté, et a présenté son expertise au GPR début avril 2015.

 

Lire la synthèse du rapport de l'IRSN sur le programme associé au projet d'extension de la durée de fonctionnement des réacteurs du parc en exploitation

 

Dans le cadre de cet examen, l’Institut a noté qu’EDF s’était engagé à démontrer sa capacité à maîtriser et à maintenir dans le temps la conformité de ses installations. L’IRSN a également souligné que le renforcement de la prévention des accidents étudiés au titre du réexamen VD4-900 ainsi que les dispositions issues des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées à la suite de l’accident de Fukushima-Daiichi permettraient d’améliorer de manière significative la robustesse des installations aux agressions extrêmes et aux situations accidentelles.
 

L’IRSN a estimé que les orientations du réexamen associées aux VD4-900 étaient ambitieuses et d’ampleur inédite : elles portent sur une cinquantaine de sujets techniques et visent une amélioration importante de la sûreté. Toutefois, l’IRSN a constaté que certains points nécessitaient des améliorations, notamment :
 

  • les contrôles proposés pour s’assurer de la conformité des installations et de son maintien dans le temps ;
     
  • la démarche de prise en compte, dans la démonstration de sûreté des réacteurs en exploitation, des accidents retenus à la conception du réacteur EPR de Flamanville 3 ;
     
  • la sûreté de l’entreposage du combustible usé dans les piscines ;
  • certaines hypothèses retenues pour l’étude des agressions (notamment les niveaux d’aléas) et l’étude des risques de collision et de chute de charge dans le bâtiment du réacteur ;
  • la prise en compte des dimensions organisationnelles et humaines lors de la conception des modifications de l’installation ou du référentiel d’exploitation ;
  • la prise en compte de l’état prévisible des combustibles en réacteur, notamment de leurs déformations attendues.



L’IRSN a également considéré que des sujets relatifs à la conception de systèmes importants pour la sûreté ou intervenant dans la maîtrise de certains risques méritaient un complément d’analyse.
 

Enfin, l’IRSN a estimé que l’instruction devait se poursuivre afin de statuer sur la suffisance des orientations retenues pour les risques relatifs à l’incendie et à l’explosion. L’IRSN a également considéré que la sélection des agressions externes - autres que le séisme – qui pourraient faire l’objet d’une évaluation probabiliste nécessite un examen complémentaire.
 

À la suite de cette expertise de l’IRSN et du positionnement de l’ASN en 2016, EDF a engagé des actions complémentaires dans le cadre du réexamen VD4-900.​

​Note :

1- Conformément à la réglementation, EDF doit procéder, tous les dix ans, au réexamen de la sûreté de ses installations nucléaires de base.

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