Savoir et comprendre

L'historique du projet EPR

27/03/2024

Un projet franco allemand

 

C’est dans le cadre d’une coopération accrue entre la France et l’Allemagne que le projet EPR (European Pressurized Reactor) a vu le jour, à la fin des années 1980. Cette collaboration s’est poursuivie jusqu’en 1998, date à laquelle l’Allemagne a décidé d’abandonner le développement de l’énergie nucléaire.
Dans un premier temps, les acteurs industriels Framatome (aujourd’hui Areva NP) et Siemens ont créé, en 1989, une filiale commune en charge du développement d’un réacteur à eau sous pression de nouvelle génération. Ils ont été rapidement rejoints par EDF et les électriciens allemands.
Un accord de collaboration a également été signé entre les organismes techniques de sûreté allemand GRS et français IPSN (ancêtre de l’IRSN) pour définir une approche commune de sûreté puis pour évaluer en commun ces réacteurs.

L’EPR (European Pressurized Reactor) est une évolution des réacteurs à eau sous pression en fonctionnement. Le projet a été initié à la fin des années 1980 avec l’objectif d’améliorer sensiblement la sûreté et la protection des travailleurs contre les rayonnements ionisants, avec en particulier la prise en compte, dès la conception, du risque d’accident avec fusion du cœur du réacteur.

 

Image: Piscine du réacteur de Flamanville 3
Chantier du réacteur de Flamanville en 2015 (Source : EDF) 

Une première étape de travail a permis de définir en 1993 des objectifs généraux de sûreté. Présentées par EDF puis analysées par l’IRSN et GRS, les options de sûreté du réacteur EPR ont été examinées par le Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) et la Commission allemande de sûreté des réacteurs, jusqu’en 2000.

 

 

 

 

 

 

Les objectifs généraux de sûreté du réacteur EPR

  • Réduire les doses individuelles et collectives reçues par les travailleurs, en fonctionnement normal et lors des incidents d’exploitation.
  • Réduire le nombre des incidents significatifs dans le but de réduire les possibilités d'apparition de situations accidentelles à partir de tels événements.
  • Réduire significativement la fréquence de fusion du cœur.
  • Réduire significativement les rejets radioactifs pouvant résulter de toutes les situations d’accident concevables, y compris les accidents avec fusion du cœur.

 

À l’issue de cet examen, l’ensemble des recommandations émises ont été formalisées en 2000 dans un document intitulé Directives techniques pour la conception et la construction de la prochaine génération de réacteurs nucléaires à eau sous pression. Ces directives fixent les exigences de sûreté applicables à la conception et à la construction de l’installation compte tenu des choix de conception retenus par les industriels.
 

Puis, entre 2000 et 2006, s’est déroulé un examen technique approfondi des sujets de sûreté considérés comme les plus importants en vue de l’autorisation de création du réacteur EPR sur le site de Flamanville (Manche), sur la base notamment du Rapport préliminaire de sûreté de l’installation.

 

​  Historique des premières années du projet EPR

Historique des premières années du projet EPR
Légende : Conceptual safety features review file (CSFRF), Basic design report (BDR), Rapport préliminaire de sûreté (RPrS)

  

L’instruction s’est ensuite poursuivie jusqu’en mars 2015 où EDF a soumis à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) une demande d’autorisation de mise en service du réacteur.

Depuis cette date, l’IRSN examine ce dossier, en particulier le rapport de sûreté de l’installation et les règles générales d’exploitation. Le plan d’urgence interne a également fait l’objet d’un examen.

> Voir L’expertise par l’IRSN du réacteur EPR

 

Le réacteur EPR de Flamanville 3

 

Le décret d’autorisation de création du réacteur nucléaire de Flamanville 3 (Manche) a été délivré en avril 2007 et les premiers travaux sur le site ont été engagés à l’automne 2007.

Depuis le début de la construction en 2007, l’IRSN se rend régulièrement sur le chantier de l’EPR à Flamanville. Ses experts accompagnent l’ASN dans le contrôle de la réalisation de l’ouvrage pour s’assurer que les pratiques mises en œuvre sont à l’état de l’art et permettront in fine de respecter les exigences de la démonstration de sûreté.

> Voir L’expertise par l’IRSN du réacteur EPR

 

​  Chantier de l'EPR en images

Chantier de l'EPR en images
De gauche à droite : Radier du bâtiment du réacteur achevé en 2008 ; vue de la salle des machines (en haut de la photo) du bâtiment réacteur (au milieu) et du bâtiment combustible en 2013 ; pose du dôme en 2013
(Crédit photo : EDF)

 

Quelques grandes dates du chantier

 

  • 2008 : Fin du coulage du radier (dalle de fondation en béton du bâtiment du réacteur).
  • 2011 : Fin des travaux de génie civil de la salle des machines et de la station de pompage.
  • 2012 : Achèvement des nouveaux dispositifs de sûreté (récupérateur de corium, réservoirs de sauvegarde, toitures coque-avion de deux bâtiments abritant les systèmes de sauvegarde).
  • 2013 : Pose du dôme du bâtiment réacteur (BR).
  • 2014 : Introduction de la cuve du réacteur dans le BR.
  • 2015 : Introduction des générateurs de vapeur et du pressuriseur dans le BR. Fin du bétonnage de l’enceinte.
  • 2017 : Début des essais de démarrage
  • 2020 : Arrivée des assemblages neufs dans la piscine du bâtiment combustible (mise en service partielle du réacteur)

 

A venir : 

  • Etape de démarrage : La mise en service de l’EPR correspond au premier chargement des assemblages combustibles dans la cuve du réacteur. 
  • La divergence du cœur arrive ensuite, suivie des premiers essais physiques durant toute la montée en puissance jusqu’à 100% Pn. 
  • Une fois que tous les essais auront été validés, le réacteur pourra être connecté au réseau. L’EPR deviendra le 55ème réacteur du parc électronucléaire d’EDF.

Pour en savoir plus

Consulter tous les documents IRSN (avis aux autorités, rapports d'expertise, rapports aux groupes permanents d'experts) rendus publics concernant l'expertise de sûreté du réacteur EPR de Flamanville 3