Savoir et comprendre

Chooz A : le démantèlement du premier réacteur nucléaire français à eau sous pression

28/01/2013

​​Plus de seize années se sont écoulées entre l'arrêt du réacteur de Chooz A, en 1991, et la publication du décret du démantèlement complet, en 2007. Les spécificités d’implantation du premier réacteur à eau sous pression à être démantelé en France, les démarches réglementaires et un changement de stratégie chez EDF expliquent ce délai.

 

La centrale nucléaire de Chooz est située en bord de la Meuse à la pointe française des Ardennes, à trois kilomètres de la frontière belge. Les 200 hectares du site comptent aujourd’hui deux réacteurs en fonctionnement (Chooz B1 et B2) et un réacteur en déconstruction : Chooz A.
 

 Chooz A est la première centrale de la filière des réacteurs à eau sous pression (REP) construite en France, entre 1962 et 1967. C’est un modèle réduit des centrales actuelles avec une puissance électrique de 305 mégawatts.
 

Fruit d'un partenariat entre EDF et un groupement de producteurs belges qui décidèrent de créer la Société d'énergie nucléaire des Ardennes (Séna), elle présente une particularité majeure : le réacteur et ses auxiliaires nucléaires (c'est-à-dire les pompes, échangeurs, circuits de refroidissement ...) sont installés dans deux cavernes rocheuses creusées à flanc de colline. Cette configuration spécifique avait été retenue pour offrir un confinement naturel à l'installation.

 

Préparer la cessation définitive d'exploitation
 

En 1991, après vingt-quatre ans de fonctionnement  et une production d’électricité de 38 milliards de kilowatts-heure, la centrale a été arrêtée. Ont alors débuté les opérations de cessation définitive d’exploitation. En 1993, le décret d'arrêt définitif a autorisé EDF à entamer les travaux préparatoires qui précèdent le démantèlement proprement dit.
 

A commencer par l'évacuation du combustible vers l’usine de retraitement de La Hague (Manche), étape qui a permis d’évacuer  99 % de la radioactivité du site de Chooz A. La démolition de la partie de la centrale dédiée à la production électrique (comme l'alternateur, les turbines...) qui génère uniquement des déchets industriels classiques, a suivi.

 

Du démantèlement différé au démantèlement immédiat
 

Un changement de stratégie a modifié le cours des travaux. En effet, EDF avait initialement opté pour une stratégie de démantèlement différé. L’idée était d’évacuer le combustible et les fluides présents dans le réacteur, puis de supprimer dans un premier temps uniquement les parties non nucléaires. S’ensuivait alors une période permettant la décroissance progressive de la radioactivité avant de démanteler le reste, en conservant l'installation en état sûr et sous surveillance.
 

Ainsi, jusqu'en 1999, EDF prépare le site de Chooz A à une fermeture sous surveillance : évacuation des combustibles usés, vidange des tuyauteries, évacuation des déchets d’exploitation, démantèlement des matériels de la salle des machines.
 

EDF change de stratégie en 2001 et opte pour un démantèlement immédiat pour les centrales de première génération, dont la centrale de Chooz A, en lieu et place du démantèlement différé. Plus de trois années de travail sont alors nécessaires aux ingénieurs et aux responsables d'EDF pour établir le dossier réglementaire nécessaire à l'obtention d'un décret de démantèlement pour Chooz A. 
 

En parallèle de cette procédure technique et administrative, les travaux continuent sur le terrain, en se limitant aux parties non radioactives : entre 1999 et 2004, tous les bâtiments extérieurs conventionnels ont été déconstruits, qu'il s'agisse de la salle des machi​nes, des bâtiments administratifs. 
 

En 2004, la demande d’autorisation de décret de démantèlement complet est officiellement déposée. Commence alors pour les ingénieurs de l'IRSN l'instruction d'un lourd dossier. Il aboutira le 27 septembre 2007 à la signature par le Premier ministre du décret autorisant l’arrêt définitif et le démantèlement complet de Chooz A.