L’IRSN dresse le bilan de l’exposition de la population française aux rayonnements ionisants

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15/06/2021

 

6 ans après avoir publié le deuxième bilan de l'exposition du public aux rayonnements ionisants, l'IRSN publie un nouveau bilan, résultat d'une étude menée en France de 2013 à 2018. Si la dose d'exposition annuelle de 4,5 mSv reste inchangée par rapport au bilan établi en 2015, les nouveaux coefficients de dose [1] pour le radon proposés par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) pourraient faire passer la dose efficace [2] moyenne annuelle estimée par l'IRSN de 4,5 mSv à 6,5 mSv par an.

 

En complément des bilans réalisés par l'IRSN concernant l'exposition professionnelle aux rayonnements ionisants et celle des patients bénéficiant d'examens à visée diagnostique, l'IRSN publie le bilan de l'exposition de la population française aux rayonnements ionisants. Les expositions prises en compte sont celles liées aux rayonnements naturels (cosmiques et telluriques, radon et ingestion de radionucléides naturels), à l'imagerie médicale, aux retombées atmosphériques des accidents majeurs et des essais d'armes nucléaires ainsi qu'aux rejets de fonctionnement des activités nucléaires autorisées.

 

Cette exposition moyenne s'élève à 4,5 mSv/an, dont environ 3,0 mSv/an dus aux sources de rayonnements naturelles, la moitié étant due au radon, et 1,5 mSv/an dus aux sources de rayonnements artificielles, principalement d'origine médicale, les autres sources de rayonnements artificielles (activités industrielles et retombées atmosphériques des essais et accidents nucléaires passés) étant négligeables (0,​012 mSv).

 

Les Français dans leur ensemble sont exposés en permanence à des rayonnements ionisants d'origines naturelle et artificielle.

 

Il existe quatre modes d'exposition aux sources naturelles de rayonnements ionisants :

  • l'irradiation cosmique, due aux rayonnements venants de l'espace ;
  • l'irradiation tellurique, due aux éléments radioactifs présents dans la croûte terrestre depuis la formation de la Terre ;
  • l'incorporation d'éléments radioactifs naturels, dans l'air ou dans les produits consommés, présents depuis l'origine de la Terre ou recréés par l'irradiation cosmique. L'ingestion de radionucléides naturels présents dans l'eau et dans la chaîne alimentaire constitue la voie prépondérante d'incorporation de ces éléments ;
  • l'inhalation de radon, gaz radioactif émanant du sol et pouvant se concentrer dans les locaux.

 

L'exposition aux rayonnements artificiels peut quant à elle être divisée en deux grandes catégories :

  • l'exposition « médicale » résultant de l'utilisation des rayonnements ionisants à des fins diagnostiques [3];
  • l'exposition à des sources industrielles et militaires : rejets des installations nucléaires, retombées des anciens essais nucléaires atmosphériques et des accidents nucléaires.

 

Les contributions des différentes sources d'exposition sont : 34% pour l'exposition médicale, 33% pour l'exposition au radon, 14% pour l'exposition aux rayonnements telluriques, 12% pour l'exposition liée à l'incorporation de radionucléides, 7% pour l'exposition aux rayonnements cosmiques, et moins de 1% pour celle due aux activités industrielles et militaires.

 

Bilan de l'exposition moyenne de la population française

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A gauche : Bilan IRSN 2020 avec prise en compte du coefficient de dose radon réglementaire (arrêté du 1er sept. 2003).
A droite : Bilan IRSN 2020 avec prise en compte du coefficient de dose radon CIPR137 (2017).

 

En conclusion : la dose efficace moyenne par habitant reste globalement inchangée à 4,5 mSv par an. Cependant, dans l'hypothèse où seraient pris en compte les nouveaux coefficients de dose pour le radon proposés par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) (cf. encadré) la dose efficace moyenne annuelle estimée par l'IRSN passerait de 4,5 mSv à 6,5 mSv par an.

 

La dose liée au radon

La relation entre le niveau d’exposition au radon et le risque de cancer du poumon est établie sur la base d’études épidémiologiques. Les plus anciennes sont des études menées dans plusieurs pays sur des cohortes de mineurs d’uranium. Elles ont conduit, durant les décennies 1970-1990 à l’estimation d’un niveau de risque par unité d’exposition et à la définition de niveaux de référence et de coefficients de dose qui ont longtemps servi de référence, en France comme dans le monde.

 

Au cours des années 2000 et plus récemment encore, les scientifiques (CIPR, UNSCEAR) ont procédé à de nouvelles analyses au terme d’un plus long suivi de ces cohortes en sélectionnant les données les plus précises sur le plan de l’évaluation des expositions et du suivi sanitaire. Ces nouvelles analyses ont montré que le risque évalué antérieurement (dans les années 90) devait être réévalué, pour le multiplier par un facteur d’environ deux.

 

De nouvelles études épidémiologiques, menées sur la population exposée au radon dans les habitations, ont également montré une relation exposition-risque proche de celle estimée au cours des années 2000 chez les mineurs d’uranium. Cette mise à jour de l’an​alyse de l’ensemble des données de la littérature scientifique a conduit la CIPR à recommander l’abaissement du niveau de référence applicable au radon dans les lieux de travail comme dans l’habitat puis à proposer, en 2018, de nouveaux coefficients de dose. Le coefficient applicable à la plupart des situations est environ le double de celui figurant dans la réglementation française actuelle. C’est pourquoi, dans ce rapport, l’IRSN fournit une indication de la dose reçue avec l’un et l’autre des deux coefficients.

 

Télécharger le rapport IRSN 2021-00108 : Exposition de la population française aux rayonnements ionisants - bilan 2014-2019

 

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L'exposition de la population à la radioactivité en France

Notes :

1- Coefficients de dose : coefficients standardisés utilisés pour calculer une dose efficace pour des radionucléides ingérés ou inhalés à partir de données d'exposition mesurables (exprimées en becquerel (Bq)). Ils sont exprimés en sievert par becquerel (Sv/Bq).

2- Dose efficace : La dose efficace est une grandeur de protection destinée à quantifier la nocivité des rayonnements ionisants sur les tissus pour de faibles niveaux d'exposition. Elle tient compte de la sensibilité des tissus affectés et de la nature des rayonnements. Elle est calculée grâce à des coefficients de dose standards.

3- Les actes de radiothérapie, correspondant à de fortes expositions en vue de soigner des pathologies cancéreuses, ne sont pas pris en compte.

 

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