Les accidents graves en radiothérapie d’Épinal (détecté
en 2006) et de Toulouse (détecté en 2007) ont engendré des victimes de
sur-irradiations. Dans le cadre d’une obligation réglementaire[1],
l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé aux unités de
radiothérapie d’identifier toutes les situations pouvant porter atteinte
à la sécurité des patients. Si cette cartographie des risques n’impose
pas de méthode, elle fixe en revanche un objectif de résultat.
En
radiothérapie, deux approches sont maintenant classiquement utilisées
pour analyser les risques. La méthode dite a posteriori conduit à
analyser des événements indésirables et la méthode a priori s'appuie sur
l'analyse de défaillances techniques et humaines pour identifier des
risques potentiels et s'en prémunir. La méthode a posteriori a longtemps
été privilégiée à la méthode a priori mais les demandes de l’ASN suivant les accidents d'Epinal et
de Toulouse en radiothérapie, ont conduit les unités de radiothérapie à
appliquer les deux approches.
En France, une méthode
industrielle, l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de
leur Criticité (AMDEC) a été transposée en radiothérapie suite à la
décision de l’ASN.
Cette technique, appliquée à la radiothérapie, propose de segmenter un
processus de soin à partir des fonctions assurées par différents acteurs
(oncologue, radiothérapeute, physicien, dosimétriste, manipulateur,
etc.) ce qui revient, en général, à étudier ses étapes. Son objectif est de faciliter la compréhension
d’un processus à partir de l’’identification et de l’évaluation des
modes de défaillances techniques, humaines et organisationnelles –
dans l’objectif d’améliorer la sécurité des patients de manière
globale.
Toutefois, en raison des difficultés d’usage de la méthode AMDEC, l'IRSN a lancé une étude afin de mettre en lumière ses limites. C'est à partir des conclusions de cette étude que prend forme le projet MARSCH.
Le projet MARSCH, une nouvelle approche de l’analyse des risques
Le projet MARSCH a pour
objectif de consolider la nouvelle méthode d’analyse des risques
développée entre 2014 et 2017. Celle-ci est fondée sur l’étude des
fragilisations des modes de réussite – c’est-à-dire des pratiques –
qu’une équipe soignante mobilise pour faire face à des situations de
travail dégradées réelles ou réalistes. Cette approche appelée méthode
EPECT (Espace de Partage et d’Exploration de la Complexité du Travail)
repose sur 4 étapes : l’élaboration d’un scénario d’une situation de
travail complexe et dégradée, l’identification des modes de réussite de
l’équipe soignante dans cette situation de travail définie, la
caractérisation des situations risquées et les axes de sécurisation des
soins. Cette méthode est mise en œuvre au sein d’espaces de discussions
dans lesquels interviennent des professionnels impliqués dans les
traitements, pour confronter les points de vue intra-métiers et
inter-métiers et les articuler.
Le projet MARSCH doit permettre à l’Institut de promouvoir une nouvelle
approche d’analyse des risques sous l’angle des facteurs humains et
organisationnels. Cette démarche sera matérialisée par la méthode EPECT
qui constitue une diversification des propositions méthodologiques dans
le domaine médical. Sa présentation sous une forme pédagogique (guide)
devrait permettre sa mise en œuvre par les professionnels de santé.
[1] Décision ASN n°2008-DC-0103 et arrêté du 22 janvier 2009 portant homologation de cette décision de l’ASN
Pour en savoir plus
Consulter la page dédiée au projet MARSCH