Savoir et comprendre

Accident à la centrale nucléaire de Three Mile Island (Etats-Unis - 1979)

Le 28 mars 1979, à la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie (Etats-Unis), une série de défaillances matérielles et humaines provoquaient la fusion partielle du cœur du réacteur nucléaire. Le choc provoqué par cet accident a été considérable et les enseignements tirés ont été nombreux, notamment en France.

centrale nucléaire de Three Mile Island
Centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie (Etats-Unis).

Même si, de manière théorique, les accidents de fusion du cœur avaient fait l’objet d’études scientifiques approfondies aux États-Unis dès le début des années 1970 (études présentées dans le rapport WASH-1400 [1]), il faudra attendre l’accident de Three Mile Island (TMI) pour que les concepteurs et les exploitants d’installations nucléaires prennent conscience que les accidents de fusion du cœur sont possibles. A noter que, dès la publication du rapport WASH-1400, les organismes de sûreté français et étrangers ont cherché à tirer de cette étude des conclusions pratiques en termes d'amélioration de la sûreté des installations nucléaires et de définition de plans d'intervention en cas d’accident.

 

En effet, même si cet accident n’a pas remis en cause la conception globale des installations nucléaires [2], il a clairement démontré que des accidents plus graves que ceux considérés jusqu’alors pour le dimensionnement des centrales nucléaires (notamment l’accident de perte de réfrigérant primaire résultant d’une rupture instantanée et doublement débattue d’une tuyauterie du circuit primaire) sont possibles et qu’ils peuvent résulter d’une succession de défaillances techniques et d'erreurs humaines.

 

Cet accident a suscité un ensemble de questions, comme par exemple :

  • Comment éviter qu’au cours d’un scénario accidentel des actions de conduite inappropriée n’aboutissent à aggraver les conséquences jusqu’à la fusion du cœur ?
  • Comment se préparer à faire face à un accident grave, question concernant à la fois les exploitants d’installations nucléaires et les pouvoirs publics ?
  • Comment utiliser au mieux l'enceinte de confinement, dernière « barrière » contre la dissémination des produits radioactifs, dernier rempart ?
  • Comment identifier les scénarios précurseurs d'accidents graves et prendre, à temps, les mesures correctives nécessaires ?

Il est intéressant de souligner qu’en 1976, lors d’une conférence aux Etats-Unis [3], le directeur de l’IPSN (maintenant IRSN) concluait qu’il était urgent d’avoir, par le biais notamment d’une collaboration internationale intense :

  • une meilleure connaissance de tous les phénomènes physiques dans le domaine des accidents, notamment les accidents avec fusion du cœur ;
  • une meilleure utilisation du retour d’expérience, en particulier pour tirer tous les enseignements utiles des incidents. Il insistait sur le fait « que si tous les incidents des centrales nucléaires faisaient l’objet d’une analyse détaillée et étaient comparés aux analyses réalisées avant l’incident, on pourrait accumuler une quantité importante d’informations utiles… ».

 

Trois ans plus tard, l’accident de Three Mile Island venait confirmer ces conclusions…

(Dernière mise à jour : Mars 2019)

Notes :  

  1. Le rapport WASH 1400, publié en 1975, constitue la première étude complète estimant les probabilités d’occurrence d’accidents avec fusion du cœur et les conséquences radiologiques associées. Il est resté très longtemps un document de référence.
  2. L’application du concept de défense en profondeur imposait l'étude d’un certain nombre d’accidents, ce qui avait conduit notamment à mettre en place un confinement résistant. Ce confinement a très largement protégé les populations et le personnel de la centrale de TMI.
  3. Rapport DSN N°125e. – P.Y. Tanguy – « The impact of WASH-1400 on Reactor Safety Evaluation ». Washington, D.C., November 14-19, 1976 – ANS/ENS International Conference.