Étude EPI-CT

  • La recherche

15/09/2015


Dernière mise à jour en décembre 2022​​​


L’étude EPI-CT (Epidemiological study to quantify risks for paediatric computerized tomography and to optimise doses) est une étude épidémiologique internationale, visant à évaluer le risque d’effets à long terme pour les enfants et les adolescents exposés aux rayonnements ionisants lors d’examens scanners. Coordonnée par l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC), cette étude a débuté fin 2010 et est financée en partie par la Commission européenne dans le cadre du 7e Programme Cadre (FP7-Fission-2010-3.2.1).

 

 

Contexte

 

L’examen scanner (tomodensitométrie ou CT scan en anglais) est un outil indispensable de la médecine moderne pour les diagnostics médicaux, utilisé chaque jour en pratique. Les doses reçues par les organes-cibles lors d’un examen scanner sont bien plus importantes que lors d’un examen par rayons X classique. Par exemple, lors d’un examen scanner abdominal, l’estomac reçoit approximativement 12,5 mGy soit une dose 50 fois supérieure à la dose reçue par le même organe lors d’une radiographie abdominale. L’utilisation croissante de l’examen scanner, malgré ses bénéfices sur le plan médical, entraine une augmentation des doses totales de rayonnements ionisants reçues par les patients.


La communauté médicale et scientifique s’intéresse de plus en plus aux potentiels risques à long terme de ces expositions (cancers, leucémies, etc.). Plusieurs études récentes semblent mettre en évidence une augmentation du risque de cancers du système nerveux central et de leucémies (Pearce 2012, Mathews 2013, Huang 2014). Cependant, les effets radio-induits observés à ces niveaux de dose (quelques dizaines de mGy) nécessitent d’être confirmés en raison de limites méthodologiques des études publiées.


 

Objectifs du projet

 

L’étude EPI-CT a été lancée pour étudier  l’existence d’une relation entre l’exposition aux rayonnements ionisants lors des examens par scanner chez les enfants et adolescents, et de possibles effets tardifs sur la santé.


Les objectifs spécifiques de l’étude EPI-CT sont :

  • de créer une cohorte multinationale d’enfants et adolescents ayant bénéficié de scanners,
  • de décrire les différents protocoles d’utilisation des scanners dans chaque pays,
  • d’estimer les doses individuelles reçues par l’organe-cible des patients,
  • d’évaluer le risque de cancers radio-induits dans la cohorte,
  • de développer des méthodes qui définissent la corrélation existant entre la qualité des images des scanners et la dose reçue lors de l’examen,
  • d’établir des recommandations pour harmoniser  au niveau européen l’optimisation des doses lors d’un examen par scanner.


 

Déroulement de l’étude

 

Au total, 18 partenaires européens (Belgique, Danemark, Allemagne, Finlande, France, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède, Royaume-Uni) coopèrent sur cette étude, qui a permis de constituer une cohorte d’environ 1 million de patients. Les résultats pourraient conduire à mieux évaluer le risque lié à ces examens et le cas échéant à établir de nouvelles stratégies pour réduire les doses reçues lors des examens médicaux.


Dans neuf pays participants, des cohortes de jeunes patients ayant bénéficié d’au moins un examen par scanner sont mises en place à partir des services de radiologie des hôpitaux partenaires. Dans chaque cohorte, le nombre de jeunes ayant développé un cancer durant la période d’observation (cette période est variable selon les pays, entre 1977 et 2014) a été établi. Une comparaison de l’incidence des cancers en fonction de la dose individuelle reçue pour estimer le risque de développer un cancer radio-induit en fonction de la dose reçue a été effectuée.


Le projet EPI-CT s’organise autour de huit groupes de travail (WP) :

  • WP 1 (mené par l’IARC) : coordination et management
  • WP 2 (mené par le CREAL) : mise en place des méthodes épidémiologiques adaptées à ce projet
  • WP 3 (mené par l’UNEW) : collecte de données
  • WP 4 (mené par l’IARC) : détermination des doses reçues individuellement
  • WP 5 (mené par le SCK-CEN) : recherche des mécanismes biologiques impliqués à partir d’échantillons de sang des patients
  • WP 6 (mené par le NKI) : analyse des données et interprétation
  • WP 7 (mené par le CAATS) : optimisation des pratiques en scans pédiatriques
  • WP 8 (mené par l’IARC) : partage des résultats


L’IRSN participe activement au projet avec l’inclusion dans le projet EPI-CT de la Cohorte Enfant Scanner, cohorte française des enfants exposés aux scanners (lien vers la fiche internet spécifique). Par ailleurs, l’IRSN est impliqué dans différents groupes de travail : méthodologique (WP2), collecte des données (WP3), analyse dosimétrique (WP4) et analyse statistique (WP 6).


 

Résultats et perspectives

 

La collecte des données dans les différents pays a été finalisée en 2017. Le calcul des doses reçues a quant à lui été réalisé en 2018. Les analyses statistiques ont été finalisées en 2022 concernant le risque de cancer du cerveau en fonction de la dose reçue. Les analyses portant sur le risque de leucémie sont en cours. Une première publication présentant la cohorte conjointe et estimant les risques de cancer dans cette cohorte a été publiée en 2018. L’analyse de la relation dose réponse pour le risque de cancer du cerveau a été publiée en octobre 2022.
Elle retrouve une relation significative entre la dose reçue et le risque de développer un cancer du cerveau, risque qui augmente quand la dose reçue augmente. Cependant le risque naturel de développer un cancer du cerveau chez un sujet jeune étant très faible, le sur risque observé reste aussi très faible.
Ces éléments renforcent cependant la nécessité d’appliquer les règles de radioprotection en imagerie médicale qui reposent sur la justification des examens réalisés ( seuls les examens utiles au diagnostic doivent être réalisés), le remplacement des examens délivrant des rayonnements ionisants par des examens non irradiants lorsque cela est possible (par exemple une échographie à la place d’une radiographie) et l’optimisation des doses délivrées (la plus petite dose permettant de faire le diagnostic).​
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Caractéristiques
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​Dates : 2012-2016

Financement : Euratom FP7-Fission

Partenaires :

Centre international de recherche sur le cancer (IARC), France Dr Ausrele Kesminiene (Coordinatrice), Dr Isabelle Thierry-Chef, Dr Joachim Schüz

Universitaetsmedizin Der Johannes Gutenber - Universitaet Mainz (UMC), Allemagne Prof Maria Blettner, Lucian Krille

Sateilyturvakeskus (STUK), Finlande Dr Carita Lindholm

Karlinska Institutet (KI), Suède Dr Magnus Kaijser, Dr Arvid Nordenskjöld

University of Newcastle Upon Tyne (UNEW), Grande-Bretagne Dr Mark Pearce, Dr Jane Salotti

Fundacio Centre de Recerca en Epidemiologia Ambiental - CREAL, Espagne Dr Elisabeth Cardis, Dr Martine Vrijheid, Magda Bosch de Basea

Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), France Dr Florent de Vathaire, Dr Ibrahima Diallo, Dr Carole Rubino, Dr Nadia Haddy and Dr Chiraz El-Fayech

Kraeftens Bekaempelse (DCS), Danemark Dr Tina Veje Andersen, DrJørgen H. Olsen

Stichting Het Nederlands Kanker Institut (NKI), Pays-Bas Dr Michael Hauptmann, Jose Meulepas

Studiecentrum Voor Kernenergie (SCK-CEN), Belgique Dr Sarah Baatout, Houssein El Saghire, Dr Hilde Hengels, Dr Lara Struelens

Institute de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), France Dr Marie-Odile Bernier, Dr Dominique Laurier, Jean-Luc Rehel, Neige Journy

Centre d'assurande de qualité des application technologiques dans le domaine de la santé (CAATS), France Dr Carlo Maccia

Centre de recherche public Henri Tudor (CRP), LuxembourgAndreas Jahnen, Johannes Hermen, SahraKohler

Norwegian Radiation Protection Authority (NRPA), Norvège Prof Hilde M. Oleruds, Dr Tamara Zhunussova, Astrid Liland, Eva G. Friberg, Tore Sivert, JohnsenIstad

Oslo Universitetssykehus HF (OUS), Norvège Dr Tore Tynes, Dr Kristina Kjaerheim

Institut Curie (IC), France Dr Daniel Louvard, Dr Janet Hall

Universiteit Gent (UGent), Belgique Prof Hubert Thierens

Bundesam Fuer Strahlenschutz (BfS), Allemagne Dr Ulrike Kulka, Dipl. biol. Ursula Oestreicher, Dr Maria Gomolka

Conseillers : Dr Choonsik Lee (National Cancer Institute), États-Unis et Pr Wesley E. Bolch (University of Florida), États-Unis

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Laboratoires IRSN impliqués
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Laboratoire d'épidémiologie des rayonnements ionisants (LEPID)

Unité d'expertise en radioprotection médicale (UEM)

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Contact
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