Savoir et comprendre

Rejets de carbone 14 dans l'atmosphère par l'usine Socatri du Tricastin en juillet 2008

23/11/2012

L’installation d’assainissement et de récupération de l’uranium de l’usine SOCATRI installée à Bollène (84) a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avoir rejeté dans l’atmosphère entre le 25 juin et le 2 juillet 2008 environ 2,26 GBq de carbone 14 [1], entraînant un dépassement de 5% de la limite annuelle autorisée pour cette installation, compte-tenu des rejets déjà réalisés depuis début 2008.

 

A la suite de cette déclaration, l’ASN a demandé à l’IRSN, le 6 août 2008, d’évaluer les conséquences sanitaires de cet incident sur les populations et de réaliser un programme de prélèvements et de mesures visant à déceler un impact éventuel de ce rejet dans l’environnement.

 

Le 8 août 2008, l’IRSN a fourni à l’ASN une estimation de la dose maximale susceptible d’avoir été reçue par une personne exposée à ce rejet, en exploitant les données météorologiques relatives à la période de rejet et en considérant des hypothèses pénalisantes, en termes d'exposition des personnes vivant au voisinage de l'installation.

 

Ainsi, la dose efficace maximale estimée, majoritairement due à l’ingestion d’aliments issus des productions agricoles locales, serait d’environ 0,5 microsievert (µSv) pour un adulte, cette estimation devant être considérée comme majorante. Compte tenu de la faible importance de ces conséquences dosimétriques (à titre de comparaison, la dose annuelle due au carbone 14 naturellement présent dans l’environnement est de 12 µSv), l’IRSN a indiqué qu’aucune restriction n’était à appliquer sur la consommation des denrées végétales poussant dans la zone sous l’influence des rejets de SOCATRI.

 

 

Par la suite, l’IRSN a poursuivi l’expertise des conséquences environnementales de ce rejet de carbone 14 en réalisant des analyses de grande précision de ce radionucléide dans des échantillons végétaux prélevés en juillet et en août 2008 dans l’environnement de l’usine SOCATRI. Le rapport concluant cette étude a été communiqué à l’ASN le 27 novembre 2008.

 

Les résultats obtenus par l’IRSN indiquent que l’augmentation de l’activité spécifique en carbone 14 des végétaux, due à ce rejet, pourrait atteindre au maximum une dizaine de becquerels par kilogramme de carbone stable, représentant 4 à 5 % du bruit de fond naturel du carbone 14 dans l’environnement terrestre.

 

La dose due à l’ingestion d’aliments affectés par cet accroissement d’activité est estimée inférieure à 0,2 µSv, du même ordre de grandeur que la dose maximale théorique évaluée par l’IRSN dans son premier avis du 8 août 2008.

 

Note :
1- Le carbone 14 est un isotope radioactif du carbone, émettant un rayonnement bêta et ayant une demi-vie de 5730 ans. Il est naturellement produit en permanence dans l’atmosphère terrestre, par interaction du rayonnement cosmique (neutrons) sur les atomes d’azote ; il est également produit lors du tir d’armes nucléaires et dans les réacteurs nucléaires ; il est aussi utilisé pour marquer des molécules, pour des besoins de recherche en biologie ou des applications industrielles ou médicales, et il se retrouve dans les déchets issus de ces applications. Aujourd’hui, l’activité spécifique moyenne (bruit de fond naturel) du carbone 14 dans un kilogramme de carbone est de 240 Bq.