Savoir et comprendre

Les risques liés aux minéraux radioactifs

18/05/2016

Les collections de minéraux sont parfois radioactives. L’IRSN et d’autres acteurs publics aident les musées et les collectionneurs privés à évaluer et à limiter les risques radiologiques.

 

Des spécialistes en radioprotection de l’IRSN interviennent régulièrement dans les musées ou auprès de particuliers qui disposent des grandes collections de minéraux. Ils examinent les risques radiologiques puis suggèrent des solutions.

 

En effet, de nombreuses roches renferment de l’uranium ou du thorium, en quantité et concentration variables. Celles ornées de cristallisations jaunes ou vertes, comme l’autunite (cf. photo ci-dessous), la torbernite ou l’uranophane, se reconnaissent aisément. Mais d’autres sont plus ternes, comme la pechblende, l’uraninite ou la monazite (cf. photo ci-dessous).

 

Sa couleur jaune rend facilement identifiable l’autunite, qui renferme  naturellement de l’uranium (Source: MNHN/Galerie de minéralogie/D. Bayle). La monazite est la source principale de thorium, un métal radioactif (Source: Wikimedia Creative Commons/Aangelo).

 

« La désintégration des radionucléides présents dans ces minéraux augmente le niveau de radioactivité naturelle ambiant, notamment en gaz radon », explique Clément Rapicault, spécialiste en radioprotection à l’IRSN. « La manipulation des roches les plus friables peut également engendrer un risque d’exposition interne en cas d’inhalation ou d’ingestion de poussières. »

 

Des obligations liées au radon

 

En France et en Europe, la détention de minéraux radioactifs n’est soumise à aucune obligation de déclaration, ni pour les particuliers, ni pour les musées. En revanche, il est raisonnable d’estimer l’exposition aux rayonnements du public et des personnels non classés comme  exposés aux rayonnements ionisants et, si nécessaire, de la limiter.

 

C’est le radon présent dans les minéraux qui donne lieu à des obligations. Le décret 2018/434 du 4 juin 2018 oblige plusieurs catégories d’établissements ouverts au public à agir dès que le niveau de radon dépasse 300 becquerels par mètre cube (Bq/m3).
 

En cas de risque sanitaire, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) peut saisir l’IRSN pour une mise en sécurité des lieux. L’IRSN peut mobiliser via le Service d’Intervention et d’Assistance en Radioprotection (SIAR) une équipe d’ingénieurs et de techniciens sur tout le territoire français en quelques heures. Pour ce faire, le SIAR dispose de matériels de prélèvement, de mesure et de protection des personnes. Par ailleurs, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) peut être saisie s’il s’avère nécessaire d’évacuer tout ou partie des minéraux.

 

Enfin, l’IRSN intervient quand un minéral radioactif est détecté par un portique de contrôle des chargements comme ceux que l’on trouve à l’entrée des déchetteries. Cela s’est produit en 2013, à l’entrée française du tunnel sous la Manche, pour un colis postal allemand contenant un minéral radioactif. Toutefois, ce type d’alerte est rarement dû à une roche de collection, qui a une radioactivité faible.

 

Évaluer le risque pour les personnels et le public

 

Pour les visiteurs de musée, le risque radiologique des minéraux radioactif est toutefois négligeable en raison du temps de présence, des distances et de l’absence de contact avec les minéraux. Aussi, c’est pour évaluer l’exposition des personnels à l’occasion d’un inventaire ou d’un chantier que l’IRSN intervient le plus souvent, à la demande des gestionnaires de collection.

 

Quelques mesures de protection simples suffisent dans la plupart des cas pour réduire les risques liés aux collections de minéraux radioactifs : s’équiper de masque papier jetable et de gants lors des manipulations, conserver les minéraux dans des sachets ou boîtes en plastique hermétiques, renforcer l’aération des salles d’exposition et stocker la réserve en armoire plombée, dans un local aéré et peu  fréquenté.
 

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Source : Antoine Dagan/Spécifique/IRSN