Savoir et comprendre

Construire ou adapter un bunker de radiothérapie

18/01/2016

 

Tout appareil de radiothérapie, pour une utilisation sans risque d’exposition du personnel et du public, doit être installé dans un bunker répondant à un cahier des charges exigeant. Une expertise en radioprotection, comme celle de l’IRSN, est souvent nécessaire.

Les accélérateurs de particules utilisés pour traiter les cancers – radiothérapie, radiochirurgie – doivent être abrités dans des salles spécialement adaptées. Ils sont conçus comme, des « bunkers » protégeant l’extérieur des rayonnements émis. Les établissements de santé doivent réaliser des calculs complexes avant leur  construction ou à leur modification.

 

Comment bien dimensionner un bunker de radiothérapie ?
Infographie - Comment bien dimensionner un bunker de radiotherapie ?
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​En chiffre
 
  • 180 cm d’épaisseur des murs en béton de haute densité
  • 2 mètres de béton de haute densité pour la dalle supérieure
  • 6 cm de plomb et 20 cm de paraffine pour la porte blindée
Glossaire

Méthode Monte-Carlo : famille d’algorithmes permettant de calculer des valeurs à partir  de procédés aléatoires et de probabilités.  Elle est très utilisée en modélisation.

Zonage radiologique : c’est un balisage réaliste, visible, compréhensible et réévalué régulièrement en cas de changement de l’activité de l’installation. Il permet aux opérateurs d’identifier clairement les zones à risques et d’utiliser les dispositifs de radioprotection adéquats.

 

« Dans les établissements de santé, seuls les physiciens médicaux sont susceptibles d’avoir les compétences pour réaliser les calculs de dimensionnement des bunkers de radiothérapie », explique Sylvie Derreumaux, spécialiste de la radioprotection en milieu médical à l’IRSN.

 

Des calculs de plus en plus complexes

En pratique, les établissements font néanmoins souvent appel aux experts de l’IRSN. « Les calculs sont de plus en plus complexes en raison de l’utilisation de nouveaux matériaux  de construction – incluant par exemple des éléments recyclés ou écologiques », annonce Sylvie Derreumaux. Autre source de complexification : « la tendance à raccourcir les chicanes pour accélérer le transport des patients et réduire les coûts ». Cela implique de revoir les épaisseurs des murs et des portes blindées. 

Si l’établissement dispose de peu  de moyens ou de temps, l’IRSN peut proposer une réponse courte. « Sans faire tous les calculs, l’Institut rend un avis sur la méthode et les hypothèses de calcul de l’exploitant ou du fournisseur de l’appareil. L’exploitant peut alors se retourner vers ce dernier ou une société de service pour revoir  la méthode. »

 

 

Maria Grassano, ingénieur médical au Centre hospitalier de Saint-Quentin (Aisne)
« Avoir un avis éclairé sur nos propres calculs »

 
 

Maria Grassano, ingénieur médical au Centre hospitalier de Saint-Quentin« Pour répondre aux besoins  de traitements des patients,  nous avons décidé d’acquérir  un appareil de tomothérapie [technique de radiothérapie guidée par l’image] pour compléter nos équipements de radiothérapie.

Nous nous sommes appuyés  sur les compétences de l’IRSN pour avoir un avis supplémentaire sur le dimensionnement de notre bunker. Nous voulons être sûr de n’oublier aucun paramètre. L’Institut nous a aidés à déterminer la position des points de calcul, à estimer le débit d’équivalent de dose et des équivalents de dose horaire mensuel et annuel aux points considérés, et à évaluer les épaisseurs des parois nécessaires pour atténuer suffisamment  les rayonnements.

L’accélérateur de particules d’un appareil de tomothérapie n’est pas fixe : il tourne  autour du patient et les rayonnements sont  émis dans de multiples directions. Il faut réaliser des estimations de doses en plusieurs points de l’espace. L’IRSN a confirmé en grande partie les préconisations de dimensionnement  du bunker proposé par notre propre groupe  de travail et par le fournisseur. »

 

 

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