Savoir et comprendre

Quel impact sur le cristallin selon la dose reçue ?

31/07/2014

L’exposition du cristallin aux rayonnements ionisants accroît le risque que celui-ci s’opacifie, partiellement ou totalement. Cette cataracte radio-induite prend le plus souvent une forme dite sous-capsulaire postérieure.

 

Quels sont les effets des rayonnements sur le cristallin ? 

 Quels sont les effets des rayonnements sur le cristallin

Pour affiner la connaissance de la relation dose-effet, l’IRSN a répondu à un appel européen à projets en proposant une étude baptisée Euraloc. « Il s’agit de bâtir une projet à long terme sur une cohorte européenne de cardiologues », explique Jad Farah, chercheur au sein du Laboratoire de dosimétrie des rayonnements ionisants. « Mesurer leur dose aux yeux, leur faire passer des examens médicaux, les soumettre à un questionnaire sur leurs pratiques et remonter, avec des outils d’analyse mathématique, à leur exposition sur toute leur carrière. »

Le projet Euraloc réunit dosimétristes et épidémiologistes. Il s’appuie en particulier sur l’expérience de l'étude O’cloc (Occupational Cataracts and Lens Opacities in interventional Cardiology) menée par l'IRSN auprès d'une centaine de praticiens interventionnels français. « Cette étude est la plus importante jamais réalisée », détaille Sophie Jacob, épidémiologiste. « Elle a mis en évidence l’augmentation du risque de cataracte et d’opacités cristalliniennes radio-induites chez les cardiologues, mais n’a pas permis d’établir une relation dose-effet. La dimension européenne d’Euraloc, avec environ 350 cardiologues, devrait y parvenir. »

 

Mesurer aussi l’exposition aux neutrons

Ce renforcement des recherches s’inscrit dans l’agenda stratégique de l’association MELODI (Multidisciplinary European Low Dose Initiative). Celle-ci rassemble les principaux acteurs européens de la recherche sur les risques liés aux faibles doses de rayonnements et est actuellement présidée par Jacques Repussard, directeur général de l’Institut.

Mélodi intéresse plus précisément le réseau d’excellence Doremi, qui vise une intégration de la recherche sur les faibles doses à l’échelle européenne. Leur impulsion pourrait permettre de lever certaines incertitudes. « Entre les doses pour lesquelles on observe des effets déterministes, comme les opacités cristalliniennes, et les très faibles doses sans danger, il existe une zone grise dans laquelle pourraient intervenir des effets de type probabiliste », pointe Alain Rannou, expert en radioprotection de l’homme à l’IRSN.

L’Institut est aussi membre d’ Eurados, association européenne de laboratoires de recherche en dosimétrie : une cinquantaine de membres, représentant plus de 250 scientifiques réunis en groupes de travail pour appuyer la recherche dans le domaine de la dosimétrie des rayonnements en Europe et à l’échelle internationale.

Outre les photons du domaine médical, qui font l’objet de ce dossier, des personnels du nucléaire et de la recherche peuvent être exposés à des neutrons. Les particules neutrons, à dose égale, peuvent avoir sur l’œil des effets deux à trois fois plus importants que les photons. Un récent rapport de l’AIEA fait état de ce que les neutrons contribuent de manière généralement minoritaire à la dose reçue au cristallin. Une dosimétrie du corps entier suffit, dans la majorité des cas, à estimer cette dose, mais pas dans certaines situations où les champs de radiations ne sont pas homogènes. Cet aspect « neutrons » a été inclus dans des études de postes en cours chez Areva.