Savoir et comprendre

Usines, réacteurs expérimentaux et laboratoires : Renforcer la sûreté face aux agressions extrêmes

10/07/2013

Les évaluations complémentaires de sûreté (ECS)

 
Tout comme pour les centrales nucléaires, les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) ont permis d’identifier des améliorations à apporter aux usines, aux réacteurs expérimentaux et aux laboratoires nucléaires pour résister à des situations extrêmes.
 

Les ECS ont permis d’expertiser le comportement de l'ensemble des installations françaises à des aléas extrêmes (inondations, séismes…), y compris les installations du cycle du combustible et les réacteurs de recherche A la mi-2012, tous les exploitants avaient remis une première série d’orientations. Ces dernières ont ensuite fait l’objet d’une instruction par l’IRSN, avec des conclusions présentées en avril 2013.

 

Le noyau dur dans les installations du cycle du combustible
 

Dans les usines d’Areva au Tricastin (Drôme et Vaucluse), les bâtiments de gestion de crise devraient être opérationnels fin 2016. De tels abris, situés à l’intérieur des sites, vont également etre construits sur les sites de La Hague (Manche), de Mélox à Marcoule (Gard) et de Romans-sur-Isère (Drôme).
 

« Des avis sont rendus sur la conception des bâtiments et les experts examinent la résistance aux événements redoutés. Par exemple, ils font des recommandations quant à la prise en compte des effets liés à une tornade et au  renforcement des filtrations du réseau de ventilation du poste de commandement de crise », résume Michel Guillard, en charge du dossier à l’IRSN.
 

A la fin des travaux à Tricastin, le centre névralgique du bâtiment de gestion de crise sera constitué d’un bloc de commandement surélevé d’un mètre et confiné pour empêcher toute intrusion de gaz toxique induit par les substances radioactives et chimiques utilisées sur le site.
 

Seront inclus dans ces blocs des réseaux d’utilités dimensionnés aux aléas extrêmes : un groupe électrogène capable de fonctionner au moins 48 heures en continu ou encore une cuve de 5 mètres cubes d’eau potable. Ces ressources doivent permettre aux équipes de crise - soit jusqu’à 40 personnes - de fonctionner en autonomie pendant 48h, soit jusqu'à l'arrivée les renforts de la Force d’intervention nationale d’Areva (Fina).
 

« Composée d’environ 200 employés volontaires d'Areva et de divers équipements, la Fina peut apporter son soutien en 48 heures sur tous nos sites », explique Daniel Chanson, directeur de la gestion de crise d’Areva. Elle compte un vivier de 500 volontaires, l’objectif étant d’en atteindre 1 000 en 2017.

 

Le noyau dur dans les réacteurs de recherche
 

Autre catégorie d’installations qui doit déployer un noyau dur : les réacteurs de recherche disposant d’un potentiel de danger important, comme le réacteur à haut flux (RHF) exploité par l’Institut Laue-Langevin (ILL) de Grenoble et implanté dans une zone à forts risques sismiques et d’inondation.
 

En amont du RHF, quatre barrages sont situés sur le Drac, un affluent de l’Isère. Or, un séisme extrême pourrait provoquer une onde de submersion de six mètres sur le site du réacteur. Dès 2012, l’ILL a engagé la construction d’un nouveau poste de contrôle et de secours bunkerisé, partie intégrante du noyau dur du RHF.
 

Ce nouveau bâtiment peut faire face à un séisme extrême, à une inondation et aux effets secondaires tels qu’une dérive de gaz toxiques ou explosifs qui proviendrait des zones industrielles environnantes. Les équipes peut communiquer avec l’extérieur et piloter les systèmes du noyau dur.
 

« L’IRSN a fait modifier des éléments : enterrement de câbles à 5 mètres de profondeur pour qu’ils ne soient pas emportés par une inondation extrême, prise en compte des risques liés à l’environnement industriel… », indique Emmanuel Grolleau, expert au sein du service en charge de la sûreté des installations de recherche à l’Institut. Le noyau dur du RHF devrait être opérationnel au milieu de l’année 2016.
 

ILL de grenoble: de nouveaux dispositifs de sûreté pour 2016