Savoir et comprendre

Rejets radioactifs émis à partir du 12 mars 2011

21/02/2016

 

Que sait-on des rejets radioactifs émis à partir du 12 mars 2011 ?

 

Durant la crise au Japon, l’IRSN ne disposait pas de données de mesure directe sur la composition et l’ampleur des rejets radioactifs. Cependant, l'Institut avait à sa disposition :

  • des informations techniques sur les installations accidentées qui permettaient d’évaluer leur état de dégradation (diagnostic de l’état des trois réacteurs concernés, état des systèmes de refroidissement, informations fournies par les autorités japonaises concernant les dégazages des enceintes de confinement des réacteurs réalisés volontairement pour protéger les enceintes de risques de dégradation par surpression.…) ;
  • les connaissances acquises par l’IRSN au travers de ses programmes de recherche sur le comportement de combustibles insuffisamment refroidis ;
  • des résultats de mesures du débit de dose ambiant effectuées sur le site, qui donnaient une information sur les épisodes de rejet ;
  • des résultats de mesures dans l’environnement, permettant d’identifier les principaux éléments radioactifs rejetés.

 

Dès le 22 mars 2011, l’interprétation de ces informations a permis à l’IRSN d’élaborer des scénarios probables de dégradation des réacteurs, afin d'évaluer la quantité de radioactivité qui a pu être rejetée du 12 au 22 mars 2011 par les trois réacteurs accidentés. Ces estimations ont ensuite permis d'estimer les niveaux de contamination de l’air résultant de l’accident. 

 

Télécharger la note d'information : Evaluation de la radioactivité rejetée par la centrale de Fukushima Daiichi jusqu’au 22 mars 2011 

 

Composition détaillée du rejet utilisé pour estimer les niveaux de contamination de l’air (estimation du 22 mars 2011)

  

Dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l'échelle régionale

 

A partir de cette évaluation de la radioactivité rejetée, et en fonction des observations météorologiques disponibles et des prévisions fournies par Météo France, l’IRSN a réalisé, à l’aide de ses modèles numériques, des simulations de la dispersion dans l’air des produits radioactifs rejetés. Ces évaluations concernent la zone proche de la centrale (50 km autour du site) ainsi qu’une zone plus large couvrant l’ensemble du Japon et sa région proche.

 

La simulation a été appliquée au césium 137, choisi comme élément représentatif de la dispersion du panache radioactif. Les résultats de cette modélisation sont exprimés en becquerels de césium 137 par mètre cube d’air (Bq/m3).  

 

Cette modélisation effectuée à l’échelle du Japon montre que le panache s’est dirigé dans des directions qui ont varié au cours du temps : d’abord vers le nord-est jusqu’au 14 mars 2011, ensuite vers le sud et le sud-ouest, en direction de Tokyo, le 15 mars 2011, puis vers l’est, en direction de l’océan Pacifique. A partir du 20 mars 2011 et au cours des jours suivants, le panache radioactif tendait à se diriger à l’intérieur des terres japonaises de façon changeante, notamment en direction de Tokyo (surtout le 23 mars 2011) mais aussi vers le nord-ouest. Le panache se dirigeait ensuite vers l’est à partir du 25 mars 2011.

 

Simulations de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l'échelle régionale

Simulation du 17 mars 2011, pour des rejets estimés du 12 au 20 mars 2011 

 

Simulation du 19 mars 2011, pour des rejets estimés du 12 au 23 mars 2011

 

Simulation du 22 mars 2011, pour des rejets entre le 12 et le 26 mars 2011

 

L’IRSN a comparé les résultats des simulations avec les résultats des mesures de la contamination de l’air effectuées à Tokyo, résultats de mesure présentés dans le graphique ci-dessous pour le césium 137 et l’iode 131. Les résultats des simulations sont du même ordre de grandeur que les valeurs mesurées.

 

Evolution de l'activité volumique du césium 137 et de l'iode 131 mesurée dans l'air à Tokio du 15 au 22 mars 2011