Savoir et comprendre

Pourquoi s'en préoccuper ?

01/01/2021

La question fait aujourd’hui consensus :

 

le radon, présent dans l’air intérieur de nos maisons, augmente le risque de cancer du poumon.

 

C’est ce risque qui motive la vigilance à l’égard du radon dans les habitations ou autres locaux. Le radon et ses descendants solides pénètrent dans les poumons avec l’air respiré. Les descendants émettent des rayonnements alpha qui peuvent induire le développement d’un cancer.

 

 


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Le risque sanitaire associé à l’exposition au radon

 

 

Radon et risque de cancer

Radon et risque de cancer.©ArtPresse

Gaz radioactif naturel, le radon pénètre dans les poumons avec l'air inspiré. Ses descendants (polonium, plomb, bismuth), produits de ses désintégrations successives, émettent un rayonnement alpha qui peut induire le développement d'un cancer.

 

Longtemps ignoré face au tabagisme, l’effet cancérigène du radon est aujourd’hui reconnu. Il a d’abord été mis en évidence chez les mineurs d’uranium. Le suivi de la cohorte [1] des mineurs français date de 1982, et révèle un risque de surmortalité par cancer du poumon estimé à environ 21 % par rapport à ceux non exposés [2]. Le risque existe chez les fumeurs et les non-fumeurs, et augmente avec la durée d’exposition. Ces résultats ont longtemps été extrapolés pour évaluer le risque dans la population générale. Jusqu’à ce que des études cas-témoins [3] les entérinent, notamment grâce aux programmes internationaux.

Lancées par plusieurs instituts et universités au niveau international et soutenues par l’Union européenne durant plus de dix ans, ces études ont permis d’augmenter le nombre de cas étudiés (plus de 10 000) en mutualisant les données de différents pays (dont celles recueillies en France par l’IRSN).

Les résultats des nombreuses études épidémiologiques menées ces dernières années sont concordants et montrent que ce risque est proportionnel à l’exposition au radon et qu’il est significatif pour des expositions domestiques continues pendant trente ans à partir de concentrations de radon supérieures à environ 200 Bq/m3. Il est ainsi plus « risqué » de passer sa vie dans une maison avec une concentration moyenne que de passer quelques heures dans un bâtiment où la teneur est très élevée.

Dans certaines régions, l’exposition des populations au radon dans les habitations, peut atteindre des niveaux d’exposition proches de ceux qui ont été observés dans les mines d'uranium en France.

Le radon est classé par le Centre international de recherche sur le cancer comme cancérigène certain pour le poumon depuis 1987.

 

 

Deuxième cause de cancer du poumon, après le tabac

 

En France, le cancer du poumon est responsable d’environ 30 000 décès chaque année [4]. Une évaluation quantitative de l'impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France, publiée en 2018 par l’IRSN et Santé publique France, permet de conclure que le radon pourrait jouer un rôle dans la survenue de certains décès par cancer du poumon dans une proportion qui serait d'environ 10%. Chaque année, 3 000 décès lui seraient ainsi attribuables et il serait la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon après le tabac [5]. Ces estimations tiennent compte de la variabilité des expositions au radon sur l’ensemble du territoire, de l’interaction entre l’exposition au radon et la consommation tabagique ainsi que des incertitudes inhérentes à ces types de calculs.

 

Les évaluations du risque de cancer du poumon associé à l’exposition domestique au radon effectuées à travers le monde, notamment aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, aboutissent à des résultats similaires.

 

Des travaux de recherche sont en cours au niveau européen pour réduire ces incertitudes notamment en ce qui concerne la quantification de l’interaction entre le tabac et le radon.

 

Plusieurs organismes internationaux (UNSCEAR, OMS, etc.) ont élaboré une synthèse des données disponibles et émis des recommandations pour la mise en place de politiques nationales de gestion du risque associé à l’exposition domestique au radon.

 

Sur la base de ces recommandations, les autorités françaises ont retenu la valeur de 300 Bq/m³ en moyenne annuelle comme la valeur de référence en dessous de laquelle il convient de se situer. Le risque étant d’autant plus faible que la concentration est basse, il est, de manière générale, pertinent de chercher à réduire les concentrations en radon aussi bas que possible quel que soit le niveau mesuré.

 

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Notes :

1- Groupe homogène d’individus suivi chronologiquement, à partir d’un temps donné, dans le cadre d’une étude épidémiologique.
2- En se rapportant à l’exposition cumulée moyenne de 37 WLM (Working Level Month) : voir « éclairage » page « Une exposition insoupçonnée à la radioactivité ».
3- Étude comparant l’exposition à un facteur de risque entre deux groupes, l’un constitué des cas (les malades atteints d’un cancer du poumon) et l’autre des témoins, sujets comparables aux cas (même âge, même sexe…) et non atteints par cette maladie.
4- Données nationales de mortalité pour la période 2008-2012.
5- Ajrouche R, Roudier C, Cléro E, lelsch G, Gay D, Guillevic J, Marant Micallef C, Vacquier B, LeTertre A, Laurier ; D. Quantitative Health lmpact of indoor radon in France; Radiat Environ Biophys. ; 2018 May 8.