Savoir et comprendre

Résultats de la surveillance renforcée de l’atmosphère

14/01/2013

Résultats de mesure de l’iode 131 dans les aérosols

 

En France métropolitaine, tous les résultats de mesure obtenus sur des prélèvements d’air effectués jusqu’au 23 mars étaient inférieurs aux seuils de décision des techniques d’analyse utilisées, comprises entre moins de 0,01 et 0,05 mBq/m3. Des traces d’iode 131 particulaire ont été détectées pour la première fois sur un prélèvement d’aérosols effectué du 21 au 24 mars sur une station IRSN à très grand débit, installée au sommet du Puy-de-Dôme, à 1 465 m d’altitude (activité volumique estimée à 0,04 mBq/m3 en rapportant l’activité mesurée à la seule journée du 24 mars). Les autres résultats de mesure obtenus sur des prélèvements quotidiens effectués le 24 mars étaient tous inférieurs aux seuils de décision (neuf stations de l’IRSN et 25 stations des exploitants nucléaires, représentatives de l’ensemble du territoire).

 

Les résultats des jours suivants ont confirmé la présence généralisée d’iode 131 particulaire en France. Les activités volumiques moyennes sur la période de prélèvement ont atteint un maximum en métropole entre le 27 mars et le 9 avril (figure III.5) avec des valeurs atteignant parfois 1 à 2 mBq/m3 dans diverses régions de France. Après cette date, l’activité a décru jusqu’à des niveaux inférieurs à 0,01 mBq/m3 début mai.

 

Activités volumiques en iode 131 mesurées dans les aérosols en métropole (mBq/m<sup>3</sup>).

Figure III.5 - Activités volumiques en iode 131 mesurées dans les aérosols en métropole (mBq/m3).

 

Concernant les Drom-Com, de l’iode 131 particulaire a été détecté à Fort-de-France sur un prélèvement effectué entre le 24 et le 31 mars (0,21 mBq/m3), ainsi qu’à Saint-Pierre-et- Miquelon sur un prélèvement effectué entre le 25 mars et le 1er avril (0,48 mBq/m3). Des valeurs significatives ont continué d’être observées à Fort-de-France jusqu’au 14 avril (0,15 mBq/m3) et à Saint-Pierre-et-Miquelon jusqu’au 22 avril (0,28 mBq/m3).

 

Résultats de mesure d’iode 131 sous forme gazeuse piégé par des cartouches à charbon actif

 

En métropole, tous les résultats de mesure obtenus sur les prélèvements effectués jusqu’au 25 mars ont été inférieurs aux seuils de décision des techniques d’analyse utilisées (figure III.6).

 

De l’iode 131 sous forme gazeuse a été détecté pour la première fois sur des prélèvements effectués entre le 24 et le 26 mars à Cherbourg et Cadarache (quelques dixièmes de mBq/m3). Dans les jours suivants, de nouvelles traces d’iode 131 sous forme gazeuse, à des activités volumiques comprises entre quelques dixièmes et quelques millibecquerels par mètre-cube, ont été détectées sur l’ensemble du territoire métropolitain. Les activités volumiques maximales ont été mesurées sur des prélèvements effectués entre le 28 mars et 8 avril (17 valeurs entre 3 et 7,4 mBq/m3). À partir du 25 avril, les activités volumiques mesurées ont été inférieures aux seuils de décision. Les mesures significatives (supérieures au seuil de décision) obtenues en métropole sur l’ensemble de la période de surveillance sont présentées dans le graphique précédent, en affectant les résultats à la date de fin de prélèvement.

 

Activités volumiques en iode 131 sous forme gazeuse mesurées en métropole (mBq/m<sup>3</sup>).

Figure III.6 - Activités volumiques en iode 131 sous forme gazeuse mesurées en métropole (mBq/m3).

 

Pour les Drom-Com, des activités significatives en iode 131 sous forme gazeuse ont uniquement été mesurées à Saint-Pierre-et- Miquelon, sur un prélèvement réalisé du 26 au 28 mars (0,81 mBq/m3) et sur plusieurs prélèvements de deux jours effectués entre le 1er et le 19 avril (valeurs moyennes comprises entre 0,12 et 4,8 mBq/m3).

 

Comparaison avec les niveaux historiques mesurés en France

 

En temps normal, il n’y a pas d’iode 131 détectable dans l’air. Seuls des rejets incidentels ou accidentels significatifs peuvent conduire à des concentrations mesurables, comme ce fut le cas après l’accident de Tchernobyl en 1986 ou, plus récemment, lors d’un épisode de rejet d’une installation de production de radionucléides à visée pharmaceutique en Hongrie.

 

À titre de comparaison, les niveaux d’activité en iode 131 mesurés durant la seconde quinzaine de mars et début avril 2011 ont été 1 000 à 10 000 fois plus faibles que ceux mesurés en Europe de l’ouest dans les jours qui ont suivi l’accident de Tchernobyl. Ce constat concerne essentiellement la fraction particulaire de l’iode 131 car, à l’époque, peu de mesures de la fraction gazeuse ont été réalisées. 

 

Résultats de mesure de césiums 134 et 137 dans les aérosols

 

Des traces de césium 134 et de césium 137 ont été mesurées en différents points du territoire à des niveaux environ dix fois plus faibles que ceux de l’iode 131 (figue III.7). Le rapport d’activité entre les isotopes 134 et 137 du césium mesurés dans les aérosols a été calculé proche de 1.

 

Activités volumiques en césium 134 dans l’air mesurées en métropole (mBq/m<sup>3</sup>).

Figure III.7 - Activités volumiques en césium 134 dans l’air mesurées en métropole (mBq/m3).

 

Comparaison avec les niveaux historiques mesurés en France

 

Le césium 134 n’avait pas été mesuré dans l’air depuis le milieu des années 1990 en raison de sa période de décroissance relativement courte (2,1 ans) entraînant sa disparition rapide. Avant l’accident de Fukushima, le césium 137 était, quant à lui, encore mesurable dans l’air en France, à un niveau de l’ordre de 0,1 à 0,2 μBq/m3, au moyen de stations disposant de puissantes turbines de collecte (300 à 700 m3/h).

 

Les activités en césium 137 qui ont été mesurées après l’accident de Fukushima ont été 10 000 à 100 000 fois inférieures aux valeurs les plus fortes enregistrées en France dans les jours qui ont suivi l’accident de Tchernobyl et qui correspondaient à une augmentation d’un million de fois la valeur ambiante de l’époque (environ 1 μBq/m3). Par ailleurs, les rejets de l’accident de Tchernobyl ont marqué durablement les niveaux d’activité dans l’air car, même si ce niveau a très rapidement décru dans les jours et les semaines qui ont suivi l’arrivée des masses d’air contaminées en France, du fait du dépôt par les pluies et de l’effet de dispersion, il a fallu attendre une douzaine d’années pour que le niveau de césium 137 revienne à celui des jours précédant l’accident.

 

Les rejets de césium 137 provoqués par l’accident de Fukushima (moins de 10 % de ceux de l’accident de Tchernobyl) et leur dispersion sur plus de 10 000 km n’ont, quant à eux, conduit à ne multiplier en France que par un facteur 1 000 le niveau ambiant des jours précédant l’accident. Ces quantités ne sont visiblement pas suffisantes pour recharger durablement le stock de césium 137 atmosphérique puisque dès octobre 2011, soit cinq mois après l’accident, le niveau ambiant en césium 137 dans l’air ne représentait déjà plus que le double du niveau mesuré avant l’accident. 

 

Résultats de la surveillance du débit de dose ambiant (réseau Téléray)

 

Afin d’illustrer l’absence de toute élévation significative du débit d’équivalent de dose gamma ambiant, les graphiques de la figure III.8 représentent l’évolution chronologique de la moyenne régionale du débit de dose, pour les zones Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Centre, Sud-Est et Sud-Ouest de la France. Chaque courbe représente la moyenne des mesures horaires de chacune des sondes appartenant aux régions administratives françaises.

 

Moyennes régionales (par régions administratives françaises) des mesures horaires des sondes Téléray

Figure III.8 - Moyennes régionales (par régions administratives françaises) des mesures horaires des sondes Téléray, présentées par grandes zones de la France métropolitaine (nSv/h).

 

Ces résultats montrent des fluctuations de faible amplitude (de l’ordre de la dizaine de nSv/h), comparables à celles habituellement observées par le réseau Téléray, dues au comportement des radionucléides naturels dans l’air, tels que le radon et ses descendants, lors de variations des conditions météorologiques.

 

En tout état de cause, les niveaux d’activités en radionucléides artificiels observés en France après l’accident de Fukushima, de l’ordre de quelques mBq/m3 au maximum, ne peuvent pas être à l’origine de ces fluctuations occasionnelles et régionales.

 

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